Le sociologue est mort dans la nuit du vendredi 9 juin. Sa pensée, complexe mais cohérente, est guidée par un fil rouge : le sujet comme porteur de la transformation du monde social. Car nos sociétés, pour Alain Touraine, se produisent elles-mêmes.
Tous les articles parus sur scienceshumaines.com en février 2013.
Le sociologue est mort dans la nuit du vendredi 9 juin. Sa pensée, complexe mais cohérente, est guidée par un fil rouge : le sujet comme porteur de la transformation du monde social. Car nos sociétés, pour Alain Touraine, se produisent elles-mêmes.
Pour le penseur écossais, les individus ne sont pas mus que par leur intérêt, mais aussi par la sympathie qu’ils éprouvent les uns pour les autres.
Inventeur d’une microsociété utopique où l’amour et le travail sont régis par la seule diversité, Charles Fourier reste un penseur socialiste original. Visionnaire, il célèbre un état des mœurs qui n’adviendra qu’un siècle et demi plus tard.
L’individualisme, l’obsession du bien-être matériel, le conformisme, la désaffection politique… Autant de menaces sur la démocratie que pointait Alexis de Tocqueville dès 1835, dans une analyse perçante et visionnaire.
Penseur d’une théorie générale de l’univers, le philosophe anglais voyait les sociétés évoluer nécessairement vers une adaptation parfaite de l’homme à ses conditions d’existence.
Marx a révolutionné la théorie sociale en proposant une vision critique du capitalisme et de l’histoire centrée sur des notions de crise et de lutte des classes.
Père fondateur de la sociologie en France, Émile Durkheim s’attache à montrer que les faits sociaux ont une logique propre, qui peut éclairer certaines des dimensions les plus intimes de notre existence.
Pour Gabriel Tarde, les hommes sont des somnambules. Sans s’en rendre compte, ils s’imitent en permanence pour créer, inventer et agir.
Au début du XXe siècle, le philosophe et sociologue Georg Simmel propose une vision originale de la société. Par sa description des détails de la vie sociale, il dessine le portrait d’une modernité à la fois libératrice et aliénante.
Religion, économie, droit… Max Weber a exploré comment un processus de rationalisation transformait les sociétés occidentales.
Pour le sociologue allemand, l’évolution des sociétés occidentales est marquée par un refoulement croissant de la violence, qui transforme les règles du jeu social.
La Théorie générale a dominé la pensée économique du XXe siècle. En présentant l’économie nationale comme un « circuit », John M. Keynes a jeté les bases de la « macroéconomie » et a donné ses fondements et justifications aux interventions régulatrices de l’État.
Selon Karl Polanyi, le régime normal des sociétés est de subordonner le marché aux besoins des hommes, et non l’inverse.
Pour Talcott Parsons, la société est conçue comme un vaste système, dont les éléments remplissent quatre fonctions de base : l’adaptation, la poursuite d’objectifs, l’intégration et le maintien des normes.
Comment le monde social créé par les hommes devient-il objectif, extérieur à eux ? C’est le mystère qu’étudient deux sociologues.
Prenant à contre-pied la sociologie classique, Harold Garfinkel insiste sur la capacité des individus à s’appuyer sur une connaissance ordinaire pour agir et rendre compte de leur action.
Pour le sociologue canadien, la vie quotidienne est une scène où nous sommes tous en représentation.
La « théorie critique » de l’école de Francfort visait à dévoiler, derrière l’illusion d’une raison triomphante et universelle, une idéologie aliénante marquant la justification d’un ordre social dominant.
Parce qu’elle célèbre le travail, la consommation et la croissance, la modernité détruit notre monde commun. Pour Hannah Arendt, la désaffection du politique laisse alors la place aux intérêts privés…
À coups d’expériences fameuses et parfois spectaculaires, la psychologie sociale a mis en évidence combien autrui pouvait orienter nos décisions et nos comportements.
À travers de nombreuses enquêtes sur la culture et l’éducation, Pierre Bourdieu entendait dévoiler les mécanismes subtils de la reproduction des inégalités.
Pour Raymond Boudon, les phénomènes sociaux ne sont rien d’autre que l’agrégation d’actions individuelles explicables par des motifs rationnels.
L’analyse stratégique développée par Michel Crozier met en évidence l’importance des relations de pouvoir et des stratégies des acteurs dans l’organisation.
Appliquant les théories économiques aux comportements, Gary Becker envisage les relations familiales ou la criminalité comme le résultat d’arbitrages individuels entre coûts et bénéfices.
C’est le savoir qui assied le pouvoir des institutions telles que l’école, l’usine ou la prison. Par ces micropouvoirs, la société discipline et contrôle les populations. Telle est la thèse première de Michel Foucault qui s’intéressera ensuite au « souci de soi » et à la liberté du sujet.
À travers sa « sociologie du présent » ou ses études anthropologiques, le monde social apparaît comme un système complexe où ordre et désordre, événements et tendances lourdes s’enchevêtrent.
Notion forgée en opposition aux grandes idéologies de la modernité, la postmodernité ouvre la voie à une nouvelle ère. Celle de l’éclatement des savoirs et de la société redessinée par le règne de l’individu.
Parti de l’étude des sciences, Bruno Latour place au centre de son analyse les liens que font et défont les individus. La société n’est rien d’autre que la résultante de cette perpétuelle activité de connexion.
Nous voulons tous être reconnus. Pour Axel Honneth, la lutte pour la reconnaissance est le moteur des sociétés démocratiques.
Luc Boltanski met en évidence les capacités critiques des individus et la revendication permanente de justice. Mais ces valeurs sont nombreuses et peuvent entrer en conflit.
Depuis les années 1990, les sociologues se sont mis à chercher de nouvelles métaphores pour saisir la nature des liens sociaux dans un monde perçu comme friable, fluide, indéterminé. Au point que le concept même de société est mis en question.
État végétatif, état de conscience minimale, locked-in syndrome : pour ces patients gravement cérébrolésés, les erreurs de diagnostic ne sont pas rares. En résultent d'épineux problèmes éthiques, et de nouvelles questions. Par exemple, peut-on communiquer avec les patients disposant d'une conscience résiduelle ?