Aux États-Unis, la niaque est vue comme le nerf de la réussite. Elle véhicule avec elle un cortège de valeurs : la volonté individuelle, la pugnacité, la résilience… Un nouveau champ de recherches s’attache à en comprendre les causes et les effets.
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Mais où cet athlète multimédaillé puise-t-il ce mordant ? Et cette artiste, longtemps ignorée, cette niaque qui a fini par la mener au succès ? De ses capacités physiques hors du commun ou de son éducation ? De son mental d’acier ou de son travail acharné ? Dans notre société de la performance, les raisons du succès sont devenues un enjeu de premier plan.
Aux États-Unis, ce thème fait l’objet d’études et débats soutenus, dans le sillage de la psychologie positive. La psychologue Angela Duckworth définit la niaque comme une combinaison de persévérance et de passion. Tout un champ de recherche s’est constitué pour en mesurer - et parfois en nuancer - les effets sur nos trajectoires individuelles et collectives.
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Aux États-Unis, la niaque est vue comme le nerf de la réussite. Elle véhicule avec elle un cortège de valeurs : la volonté individuelle, la pugnacité, la résilience… Un nouveau champ de recherches s’attache à en comprendre les causes et les effets.
Tomber sept fois, se relever huit : ce proverbe japonais, issu de la culture des samouraïs, pourrait résumer les destins des icônes mondiales de la culture populaire.
Toutes les cultures humaines vantent les mérites de la ténacité. Mais avec des nuances linguistiques et philosophiques… Focus sur quatre cousines : le sisu, la grinta, la niaque et le grit.
Chercheur renommé, mais également ancien joueur de basket et guitariste à ses heures, le professeur de psychologie canadien Robert Vallerand a fait de la passion son objet d’études. Ses recherches sur les processus motivationnels l’ont amené à dissocier deux rapports à la passion : l’un harmonieux, l’autre obsessif.
Discuter avec les enfants, les inciter à se passionner pour une activité extrascolaire, les féliciter en insistant sur leurs progrès plutôt que sur leur talent… Il existe à en croire les spécialistes des solutions pour stimuler la niaque et ce, dès le plus jeune âge.
Que se passe-t-il dans notre cerveau quand on se dépasse ? Réponse avec la neuropsychologue Sylvie Chokron, qui publie Dans le cerveau de… (Presses de la Cité, 2024).
De plus en plus d’adultes retournent chaque année sur les bancs de l’université. Mais comment garder la niaque quand on doit tout concilier ?
Dans le monde du sport, la préparation psychologique des athlètes est de plus en plus valorisée. Le mental se scrute, se prépare et se muscle. Atout décisif d’un champion ou d’une grande équipe, il ne se résume ni à la persévérance ni à la rage de vaincre…
Les manifestants des printemps arabes ou les Gilets jaunes ont impressionné par leur persévérance. Mais qu’est-ce qui insuffle son énergie et fait tenir un mouvement social dans la durée ?
Professeur de psychologie médicale et psychiatre renommé, Jérôme Palazzolo est aussi devenu en 2023, à l’âge de 53 ans, champion du monde de tractions sur barre fixe. De l’art de mettre à son profit son expertise du mental humain…
• Le Grand Manuel de psychologie de la motivation, dirigé par Fabien Fenouillet et Philippe Carré, est incontournable. Sa 2e édition vient de sortir (Dunod, 2024). Il permet de situer la niaque et la persévérance parmi les nombreuses théories de la motivation (théories de la valeur, de l’attribution, de l’autoefficacité, des buts, de l’autodétermination et de la compétence).
• Professeure à Stanford, la psychologue Carol Dweck distingue deux types d’état d’esprit : l’esprit fixe, qui attribue le succès au talent, et l’esprit de développement, qui mise sur la capacité à progresser. Dans Changer d’état d’esprit. Une nouvelle psychologie de la réussite (Mardaga, 2010) elle explique, à travers une série d’anecdotes tirées de la vie quotidienne, comment cultiver son esprit de développement.
• Quand elle était enfant, Angela Duckworth s’est vue seriner par son père qu’elle n’était pas un génie. D’abord enseignante de collège, puis chercheuse en psychologie renommée, elle a forgé une théorie de la niaque (grit), faite de passion et de persévérance, facteur de réussite important dans la vie. L’Art de la niaque (Livre de Poche, 2017), très accessible, est à la fois un résumé de ses recherches et un outil de développement personnel.
• Dans son livre Le Goût de l’effort (PUF, 2018), la sociologue Sandrine Garcia s’en prend à l’idée de Bourdieu, selon laquelle le capital scolaire se transmettrait par osmose familiale. Elle explore quant à elle « la construction familiale des dispositions scolaires ». À travers une soixantaine d’entretiens avec des familles de classe moyenne ou classe moyenne supérieure, elle étudie le « travail éducatif caché », les stratégies et dispositifs utilisés par ces parents pour préparer l’engagement des enfants dans les savoirs scolaires et leur transmettre, plus globalement « le goût de l’effort ».
• En France, on s’intéresse plus souvent au décrochage qu’à la persévérance scolaire. Aussi faut-il saluer l’ouvrage collectif dirigé par Gilles Ferréol, qui propose un renversement de perspective : La Persévérance scolaire (Eme éditions, 2020). Trois grandes parties structurent la réflexion : la première permet deproblématiser cette notion et d’en découvrir l’histoire européenne, la seconde rapporte des projets innovants mis en place pour renforcer l’estime de soi ou le pouvoir d’agir des jeunes ; la troisième rapporte des études de cas, autour de la littérature, la boxe anglaise ou la lutte contre les psychotropes, « où l’on se questionne, on ose, on échange et on construit ».
• La théorie du « grit » (niaque) d’Angela Duckworth a contribué à ouvrir un nouveau champ de recherches. Malgré leur succès médiatique, ces théories font aussi l’objet de critiques. L’excellent Multidisciplinary Perspectives on Grit : Contemporary Theories, Assessments, Applications and Critiques (Springer, 2021), dirigé par Llewellyn Ellardus van Zyl, Chantal Olckers et Leoni van der Varrt offre une revue critique de la littérature internationale.
• On peut être passionné à outrance, au point de se rendre malade ! Le chercheur canadien Robert Vallerand a fait de la passion harmonieuse son cheval de bataille. Pas besoin de consacrer tout son temps et toute son énergie à son activité favorite pour en devenir maître, explique-t-il dans The Psychology of Passion : A Dualistic Model (Oxford University Press, 2015).
• La Finlande se prévaut d’une forme de niaque nationale : le sisu. La chercheuse Emilia Lahti, ancienne étudiante d’Angela Duckworth, a consacré sa thèse à cette persévérance venue des tripes. Elle l’a expérimentée elle-même en traversant en courant la Nouvelle-Zélande. Soit, 2 400 km en 50 jours ! Elle explique dans Gentle Power : A Revolution in How We Think, Lead, and Succeed Using the Finnish Art of Sisu (Sounds True Inc, 2023), comment le sisu nous rend plus fort en améliorant la prise de décision, nos relations aux autres ou la gestion de crise.
• Vous allez y arriver (Markus Haller, 2024), le livre d’Ayelet Fishbach, étoile montante des théories de la motivation a rencontré un vif succès outre-Atlantique. Il vient de sortir en français. La psychologue et comportementaliste y décrypte les ressorts de la motivation et donne des conseils pratiques pour persévérer dans nos objectifs sans se laisser distraire par les tentations ou décourager par les obstacles.
• La Psychologie de la motivation, sous la direction d’Héloïse Lhérété (Sciences Humaines éditions, 2021) rassemble les meilleurs articles parus dans Sciences Humaines sur la motivation. Il aborde aussi bien « la solitude du thésard de fond », l’engagement (et le désengagement) dans la vie professionnelle, les régimes, la course à pied, le soin, le couple… : toutes les situations où la motivation peut se voir mise à l’épreuve. Nourri d’un demi-siècle de recherches en psychologie et sciences sociales, il permet de comprendre et dissocier les ingrédients qui font la différence : le sentiment d’efficacité personnelle, la façon dont on aborde ses propres contre-performances, l’interaction avec une personne de confiance, la capacité d’autodétermination, le besoin de reconnaissance…