La psychologue Carol Gilligan a été la première à penser et promouvoir l’éthique du care. Cette figure majeure de la pensée féministe fait aujourd’hui le bilan de son œuvre et – chose rare – reformule son postulat de départ.
La psychologue Carol Gilligan a été la première à penser et promouvoir l’éthique du care. Cette figure majeure de la pensée féministe fait aujourd’hui le bilan de son œuvre et – chose rare – reformule son postulat de départ.
« Rester debout » malgré la pauvreté, l’injustice, les épreuves de la vie : le principe de la dignité est consacré par le droit, mais souvent malmené. La philosophe Cynthia Fleury y consacre un essai qui résonne comme un appel à mieux partager le fardeau des vulnérabilités.
Au tournant des années 1990, des penseuses développent les études de genre. Ce courant a impulsé les réflexions sur le « care » (bienveillance, sollicitude…) et les minorités sociales.
Dans l’imaginaire collectif, la figure du domestique renvoie aux siècles passés. Pourtant, gouvernantes et majordomes exercent toujours au service des grandes fortunes. Plus troublant, ils opèrent aujourd’hui un retour en force dans les films et romans.
Que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle, la plupart des activités de soin et d’aide sont exercées par des femmes. Le féminisme du care s’est déployé dès les années 1980 pour faire reconnaître ce travail invisible.
Toutes les études prospectives le prédisent : le secteur du care va continuer de recruter dans les prochaines années. Que ce soit dans le domaine du soin, de la santé ou de l’éducation, ces métiers partagent le fait de « porter attention » à l’autre.
Peut-on bâtir une morale, des règles de travail, voire une société tout entière sur le seul principe de la sollicitude envers autrui ? Conçue au départ comme une disposition féminine, la morale du care est devenue un enjeu éthique universel qui a fait sa place dans l’humanisme moderne.
Accompagnant un membre de leur famille âgé, malade ou en situation de handicap, les aidants ont eux-mêmes besoin de soutien.
Soigner, c’est aussi s’assurer que les personnes âgées ou malades sont nourries, lavées et vivent dans un logement propre. Hors de l’hôpital ou des maisons de retraite, ces tâches sont dévolues aux aides à domicile, travailleuses précaires.
Soin et médecine sont-ils synonymes ? Non, répondent les Anglo-Saxons, qui ont créé à cet effet la notion de care. Fertile, elle oblige à repenser les relations entre soignants et soignés.
La compassion est une qualité attendue des personnels de soins. Mais à force d’être sollicitée, elle les use et les fragilise.
Comment un mot quasi inconnu il y a un demi-siècle a pris autant d’importance en si peu de temps ? Ce succès du mot en dit long tant sur la façon de penser les rapports humains et que sur nos attentes dans ce domaine.
De nombreux philosophes partent de la fondamentale vulnérabilité des êtres vivants. Une vulnérabilité qui pour fonder la réflexion morale interroge du coup aussi le rapport que nous avons aux animaux et à l’environnement.
La question du soin a pris une ampleur sans précédent, tant dans la société que dans le débat d’idée. Ce phénomène témoigne d’un nouveau rapport au vivant, désormais marqué du sceau de la vulnérabilité.
Le thème de la vulnérabilité s’est imposé dans la production philosophique. L’enjeu ? Repenser l’interdépendance humaine dans une société qui met vite à son ban les plus fragiles.
Après la notion de risque, c’est désormais celle de vulnérabilité qui déferle dans le discours politique et social. Changement de paradigme ?
Empathie, sollicitude, care, paix, écologie… En investissant le monde social, les femmes impulsent-elles un renouveau des valeurs ?