Peine, aliénation ou pur non-sens : le travail a rarement bonne presse en philosophie. À quelles conditions le travail est-il porteur de sens ?
Tous les articles parus sur scienceshumaines.com en mars 2010.
Peine, aliénation ou pur non-sens : le travail a rarement bonne presse en philosophie. À quelles conditions le travail est-il porteur de sens ?
Le libre arbitre est sans doute un mythe que les individus se racontent à eux-mêmes. Mais cela ne veut pas dire que la liberté n’existe pas. Il se pourrait même qu’elle ne soit pas le propre des humains.
Et si le secret d’une bonne mémoire était d’oublier, mais à bon escient ? Mieux encore, il semble que pour maintenir notre identité à flot, nous soyons obligés de sélectionner, filtrer, remodeler nos souvenirs… Plutôt qu’un musée, la mémoire est un laboratoire.
Il règne aujourd’hui une véritable injonction au bonheur. Et chacun est appelé à trouver sa recette. Mais n’est-ce pas oublier que le bonheur est un état fugitif et fragile ?
« L’enfer, c’est les autres », écrivait Sartre. Parce qu’il a le visage de la différence, autrui est tour à tour craint, convoité, inaccessible, jalousé ou incompris… Pourquoi ne parvenons-nous donc pas à nous passer de lui ?
On a souvent affirmé que c’est le langage qui fait la pensée. Et si cette idée était tout simplement fausse ? De nombreuses expériences invitent à penser qu’une grande partie de notre monde mental passe par les images plutôt que par les mots.
Aux yeux de ses détracteurs, la science n’a pas rendu le monde meilleur. Pire, elle ne serait pas aussi rationnelle qu’elle le prétend. Mais avant de lui jeter la pierre, peut-être faudrait-il cesser de l’idéaliser…
L’homme est-il naturellement doté d’un sens moral ? Des philosophes l’ont affirmé souvent, des psychologues le confirment aujourd’hui. Mais les règles varient et leur apprentissage reste nécessaire
Malgré tout ce qu’on lui doit, la technique fait peur. Cette crainte est-elle justifiée ? C’est en tout cas la nature même de l’homme que la technique interroge.
Et si l’homme n’était pas cet être assoiffé de liberté qu’on nous dépeint souvent mais celui que le pouvoir subjugue au point de s’y soumettre de soi-même ? C’est l’hypothèse impertinente que posait déjà La Boétie au XVIe siècle.
Soucieux de nourrir son travail philosophique d’un dialogue permanent avec les sciences, Bergson met au jour la créativité du réel.
La science doit rompre avec les images et le sens commun, ne cesse de marteler Bachelard. Ce qui ne l’empêche guère d’explorer les différentes facettes de l’imaginaire. Retour sur une philosophie au double visage.
Nous ne pouvons pas penser le monde hors du langage. Fort de cette conviction, Wittgenstein entend déjouer les pièges du langage quand il tourne à vide et montre une nouvelle manière de pratiquer la philosophie.
Les temps modernes entendent dominer le monde par la technique. Pour Heidegger, ils ont ainsi obscurci notre rapport au monde. C’est lui qu’il nous faut repenser.
Nous ne pouvons que débusquer l’erreur, jamais démontrer une vérité. Le chantre du rationalisme critique qu’est Karl Popper applique ce principe à la démarche scientifique mais aussi à la réflexion politique.
Philosophe engagé, Jean-Paul Sartre affirme l’irréductible liberté de l’homme. Toujours capable de s’inventer, l’homme est une conscience qui échappe à tout déterminisme. à moins d’être de mauvaise foi…
Qu’ils portent sur le totalitarisme ou sur le cas Eichmann, les écrits peu académiques de la philosophe heurtent l’opinion et les préjugés de son époque. Ils révèlent en réalité une conception singulière de l’action au sein du monde commun.
Que ce soit par le détour de la science, de l’art ou de la politique, Merleau-Ponty entend penser ce qui toujours excède la raison : l’expérience vécue et concrète.
Le réel ne peut se réduire à une seule interprétation. D’où la nécessité d’un dialogue de la philosophie avec les sciences humaines, de l’histoire aux neurosciences.
En 1971, un ouvrage sur la théorie de la justice bouleverse la philosophie politique. Son auteur, Rawls, ambitionne de repenser les principes de la justice sociale. Sa théorie connaît un grand succès. Au prix parfois de sérieux contresens.
Après avoir fourbi ses armes en commentant de grands auteurs – Spinoza, Nietzsche ou Bergson –, Deleuze affirme sa singularité. Soucieux de penser l’événement et les différences, il déploie une philosophie créative et débridée.
Qu’il s’agisse de la folie, des prisons, de la clinique ou du rapport au corps, Michel Foucault remet en question les vérités établies par le détour de l’histoire. Philosophe et intellectuel engagé, il ouvre la voie à l’insoumission.
Derrida est le philosophe de la déconstruction. Mettant au cœur de son travail la question de l’écriture, la déconstruction met au jour ce qui menace de l’intérieur les discours et les institutions.
Y aurait-il deux vérités : l’une issue de la foi, l’autre de la raison ? Non, explique Averroès, la vérité est une et cohérente. Et la loi divine enjoint l’homme à user de l’intellect.
Machiavel prodigue ses recommandations aux princes comme aux peuples tout en livrant une description sans fard des conflits humains. L’art politique consiste à dompter la fortune en combinant la ruse et la force.
Appréhender la réalité dans sa diversité pour l’organiser et l’expliquer. Qu’il s’agisse de comprendre le monde vivant, la communauté politique ou la vie de l’homme au milieu de ses semblables, Aristote met la pensée à l’épreuve du réel.
La peur des dieux, de la mort ou de la souffrance s’évanouit pour qui accède à la connaissance de la nature. Le plaisir n’apparaît plus comme l’objet d’une quête toujours vaine et insatiable, mais se cultive avec simplicité. Le bonheur est alors à portée de main...
Le sage stoïcien n’a rien d’extraordinaire ou d’inaccessible. C’est d’abord un homme qui a su se libérer du fardeau des illusions pour vivre conformément à la nature et être enfin libre.
L’homme a accès à la vérité et la foi ne saurait aller contre la raison. Fort de ces convictions, Thomas d’Aquin soutient qu’une partie du contenu de la foi chrétienne peut faire l’objet d’une démonstration rationnelle.
Le pouvoir est le concept clé de la philosophie de Hobbes. Pour échapper à la guerre de tous contre tous, les hommes instituent un pouvoir politique absolu. Ainsi peuvent se maintenir la paix et l’ordre social.
Descartes est souvent dépeint comme le héros de la modernité. Pour tempérer ce discours, les études cartésiennes s’emploient aussi à montrer les continuités afin de mieux mettre au jour sa vraie nouveauté.
Le bien n’est pas une valeur surplombante qui permettrait de juger nos actes. Il est le bon, ce qui nous procure de la joie. Tel est le scandale de la philosophie de Spinoza qui offre non pas une morale du devoir mais une éthique de la joie.
En cette seconde moitié du XVIIe siècle, un philosophe britannique fait souffler sur la pensée un vent de modernité. Contre le pouvoir arbitraire, il affirme les droits fondamentaux de l’individu. Et sa réflexion sur l’esprit humain quitte le champ de la spéculation pour s’inspirer des sciences expérimentales.
Philosophe, juriste et mathématicien, Leibniz s’attache à résoudre le chaos apparent du monde sans pour autant nier sa complexité. Hommes, plantes, poissons ou anges, chaque être de l’univers constitue un point de vue unique et agissant sur le monde.
Rénovateur du scepticisme, le philosophe écossais David Hume se met en quête des mécanismes par lesquels les croyances sont produites.
Les sociétés modernes ont dépravé l’homme et dissimulé sa vraie nature. Rousseau entend la redécouvrir par le détour de la fiction. Il peut alors jeter les bases d’un ordre politique où l’homme ne renonce pas à sa liberté.
L’ignorance, le mal, la mort… La finitude humaine n’est pas pour Kant un défaut mais le point de départ de sa philosophie. Il repense ainsi morale, droit et politique en les fondant non pas sur un ordre transcendant mais sur des principes que les hommes imposent à leur propre volonté.
Pour Hegel, la pensée est dialectique, faite de tensions et de contradictions à surmonter. Car en dépit des apparences, la philosophie témoigne, envers et contre tout, qu’il y a de la raison dans le monde.
Impossible de comprendre la philosophie de Søren Kierkegaard sans comprendre le lien qui l’unit à ses expériences personnelles. À rebours des philosophies systématiques, ce penseur de l’existence s’emploie à comprendre « le chemin de la vie » et à saisir l’énigme du moi.
Promouvoir le bonheur de tous, telle est la finalité de l’utilitarisme. Il propose une morale rationnelle, tout à la fois à la fois individuelle et collective, pour évaluer les actions de chacun et, plus largement, les choix sociaux et politiques.
L’œuvre de Marx débute par une critique sévère de la philosophie. Mais sa tentative pour édifier une théorie de l’histoire du capitalisme et de ses crises restera fortement imprégnée de deux exigences philosophiques : l’esprit de système et l’esprit critique.
En valorisant la raison et en rejetant les passions, l’Occident n’a cessé de nier le caractère chaotique et irrationnel de la réalité. Par-delà bien et mal, Nietzsche dénonce les idéaux morbides de notre civilisation.
Le fondateur de la phénoménologie entend comprendre comment le monde est donné à la conscience. À travers le « retour aux choses mêmes », Husserl veut refonder la philosophie comme science rigoureuse et universelle.