De même que l’hystérie fut la pathologie-phare de la fin du XIXe siècle, notre époque serait celle de la prolifération de pathologies limites, qui se feraient l’écho d’un malaise dans la civilisation. On voit fleurir un abondant sur-diagnostic de borderline. Le terme est tellement popularisé, qu’il a fait l’objet d’une chanson de Madonna. On trouve même sur la Toile des tests en ligne dont les questions ratissent si large qu'un internaute non averti aura tôt fait de s’auto-diagnostiquer borderline.
Archives octobre 2014
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L'hystérie
Le concept d’hystérie est né au XVIIIe siècle. Médecins, femmes et hommes de lettres s’emploient à en faire l’emblème des passions ou des abus de la modernité. Dans sa célèbre nosologie de 1763 classifiant 2 400 pathologies, le médecin François Boissier de Sauvages de Lacroix regroupe sous le terme latin « hysteria » une série de diagnostics. Son traducteur est l’un des premiers à employer le terme « hystérie » (absent chez Hippocrate), suivi de peu par William Cullen en langue anglaise. En dépit de la racine étymologique (utérus) du mot « hystérie », leurs ouvrages n’en font pas une maladie de la matrice, ni même une maladie féminine.
La dépression
L’existence des états dépressifs est attestée dans les plus anciens textes médicaux de l’Antiquité. Homère en parlait dans le chant VI de l’Iliade à propos de Bellérophon qui subit la colère des dieux : il errait seul dans la plaine d’Alcion, le cœur dévoré de chagrin, évitant les traces des hommes. Pour Hippocrate, la mélancolie était liée à un excès de bile noire. Au Moyen Âge, la mélancolie est envisagée sous un prisme théologique et conçue comme un châtiment divin. On parle d’acédie pour décrire cet état de « tristesse accablante » et de « torpeur de l’esprit » auquel se laissent aller les moines par trop oisifs. Luther dira d’ailleurs de la mélancolie qu’elle est « le bain du diable ».
Le trouble bipolaire
Au contrôleur qui lui réclame le ticket qu’il n’a pas acheté, un jeune homme répond : « Ce n’est pas ma faute, je suis bipolaire. » La bipolarité semble être devenue un idiome de détresse moderne – c’est-à-dire une façon de faire entendre, sous une forme socialement admise, que l’on se trouve en difficulté psychique. Cette maladie qu’on appelait la psychose maniaco-dépressive (PMD) est vieille comme le monde : trouble de l’humeur caractérisé par une alternance d’états d’hyperactivité maniaque et de dépression profonde.
Le stress
Le mot « stress » est issu du latin stringere qui veut dire « serrer ». On retrouve cette même racine dans les mots « détresse » et « étreindre ». L’idée de stress renvoie à la notion de tension, de pression : être stressé, c’est être à la fois pressé et oppressé. La littérature sur le sujet est gigantesque, car le stress semble être devenu le mal de la civilisation contemporaine.
Le burn-out
Le terme de burn-out est souvent employé pour qualifier l’épuisement professionnel. Attention : ce syndrome recouvre en fait des réalités plus complexes, pas seulement limitées au monde du travail. Initialement identifié en milieu professionnel, le burn-out se rencontre chez des sportifs, des mères de famille… Les travaux scientifiques montrent que ce n’est pas tant le travail, mais plutôt la mauvaise relation à l’autre qui en est la cause. Le burn-out ne doit pas être banalisé : en l’absence de prise en charge, il peut évoluer vers un état dépressif marqué.
Les TOC
« Il a un côté obsessionnel. » Cette phrase fait de plus en plus partie du langage courant, pour évoquer une excessive ponctualité ou un soin particulier apporté au rangement. De là découle souvent dans l’esprit des gens un amalgame avec les TOC (ou troubles obsessionnels compulsifs), au risque de banaliser cette affection. Or les TOC sont une maladie, qui peut se manifester brusquement, devenir envahissante au point d’entraîner de réelles perturbations, émotionnelles et sociales.
Les phobies
Qui ne connaît le cri perçant de Mademoiselle Jeanne, la fiancée de Gaston Lagaffe, à la vue d’une souris ? Cette représentation stéréotypée de la phobie des souris fait rire. Relativement fréquente, une telle phobie est rarement traitée, car elle ne représente pas un obstacle à la vie quotidienne. En revanche, le citadin phobique des pigeons ou l’homme d’affaires phobique de l’avion se trouvent très handicapés. Les phobies spécifiques sont classées dans le DSM-IV, dans le groupe des troubles anxieux. Elles sont définies comme une crainte irraisonnée ou irrationnelle d’un objet ou d’une situation qui interfère fortement avec les aptitudes fonctionnelles d’un individu. La phobie, du grec phobos (crainte), est une peur persistante, excessive, invalidante d’un objet (parfois d’un animal) ou d’une situation (par exemple, se trouver dans une foule). Phénomène banal, elle devient pathologique lorsqu’elle limite la vie quotidienne et le bien-être.
L'autisme
Auparavant considéré comme un trouble envahissant du développement (TED), l’autisme est caractérisé par des altérations majeures des interactions sociales et de la communication, un répertoire d’intérêts et d’activités restreint, stéréotypé et répétitif. Aujourd’hui, l’Association américaine de psychiatrie préfère employer le terme au pluriel (« les autismes ») et parler de troubles du spectre autistique (TSA) pour insister sur la variabilité des troubles, même s’il existe un noyau dur commun.
Les perversions
Fétichisme, exhibitionnisme, sadomasochisme... Autant de termes qui peuvent provoquer en nous un mélange de fascination et de répulsion. Mais la perversion sexuelle n’est qu’une des manifestations, tout comme la perversion narcissique.
Alzheimer
Incapacité à gérer la vie quotidienne, pertes de mémoire, disparition de la personnalité… La maladie d’Alzheimer est une forme de vieillissement pathologique, qui représente 60 à 70 % des cas de démence. Ce terme désigne un ensemble associant troubles de la mémoire et au moins un déficit dans un autre secteur de l’intelligence, d’intensité suffisante pour restreindre les activités quotidiennes.
Les addictions
Auparavant, lorsqu’on évoquait une addiction, l’image qui apparaissait automatiquement à l’esprit était celle d’un alcoolique accoudé interminablement au bar ou celle d’un drogué en quête de sa dose quotidienne de stupéfiants. Désormais, le profil-type de l’addict s’est largement étendu. En effet, quoi de commun entre Pierre qui passe chaque jour plus de huit heures à surfer sur le Web et Nadège qui ne peut entrer dans un magasin sans acheter un produit qu’elle n’utilisera sans doute jamais ? On pourrait penser qu’ils sont simplement dans l’excès, sans plus. En fait, ils ont des « pratiques addictives ».
La jungle des psys
Psychologues, psychanalystes, psychiatres, psychothérapeutes, psychopraticiens ? Pour le non-initié, c’est la jungle ! Leurs formations, leurs méthodes, leur efficacité, leur inscription sociale sont pourtant différentes. Mais pas de panique ! Avec quelques points de repères clairs, on s’y retrouve.
La psychanalyse
Les thérapies inspirées par la psychanalyse visent une transformation du patient en profondeur et sur la durée.
Les thérapies comportementales et cognitives
Les TCC sont des thérapies brèves. Le plus souvent, les durées sont comprises entre six mois et deux ans et sont évaluées d’avance par le thérapeute et le patient.
La Gestalt
Beaucoup d’approches thérapeutiques tentent d’expliquer notre psychisme en termes d’instances, de grilles d’observation, de blocages corporels… La Gestalt-thérapie (de l’allemand gestalten, « mettre en forme, donner une structure ») se fonde quant à elle sur la théorie du self.
L'analyse transactionnelle
L’analyse transactionnelle est l’une des méthodes de psychothérapie dites « humanistes », dont la naissance et le plein esssor se situent en Californie pendant les années 1970.
Les thérapies familiales
Pour les thérapies familiales, les troubles psychiques résultent d’une pathologie de la communication au sein de la famille.
Les thérapies de couple
Aujourd’hui où les deux partenaires se montrent exigeants quant à la qualité affective, psychologique et érotique de leur couple, les obstacles sont nombreux et nécessitent une réflexion. Quand celle-ci est difficile, il faut savoir se faire aider.
Les thérapies psychocorporelles
Chacun l’a éprouvé au moins une fois : dans notre vie quotidienne, les positions du corps sont en lien avec l’équilibre psychologique. C’est sur ce postulat que reposent les thérapies psychocorporelles.
Les thérapies de groupe
La synergie des patients peut engendrer une forte dynamique, permettant d’accélérer la prise de conscience des difficultés et leur résolution.
L'EMDR
En 1987, Francine Shapiro, doctorante en psychologie, découvre par hasard qu’une anxiété d’origine traumatique peut disparaître grâce à des mouvements oculaires. L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing ou « désensibilisation et retraitement de l’information par les mouvements oculaires ») était née.
Psychothérapies ou médicaments ?
Les troubles mentaux sont traités par la psychothérapie, les médicaments, ou les deux, suivant leur nature. Les divers types de traitements ne s’opposent donc pas forcément. Ces deux approches thérapeutiques ont des objectifs et des mécanismes d’action différents, et ne peuvent donc pas être placées sur le même plan et comparées. Pourtant, dans la « vie réelle », la question se pose souvent en ces termes.
Carnet d'adresses
Ressources documentaires, références… Voici une petite revue non-exhaustive de sites Internet français et étrangers très utiles pour s’informer et se tenir au courant des dernières publications en psychologie.