Corps

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Nous sommes abreuvés d'images de gens beaux, minces, bronzés et souriants. Nécessairement en pleine forme et au « top » de la réussite sociale. Dans le monde réel, l'apparence compte-t-elle aussi beaucoup ? Malheureusement oui, selon le sociologue Jean-François Amadieu. Démonstration.

La beauté est-elle universelle ? Les études psychobiologiques mettent en évidence des critères communs à tous pour déterminer ce qui rend un visage attirant : certains de ses traits, ainsi que sa symétrie et son caractère moyen.

Liée aux évolutions historiques, la beauté physique dépend aussi de caractéristiques universelles qui transcendent les différences d'une culture ? et d'un individu ? à l'autre. Son fort impact social montre qu'elle ne laisse personne indifférent...

Langues sectionnées pour les blasphémateurs, femmes adultères noyées, grands scélérats écartelés sur l'échafaud : l'Ancien Régime fait preuve d'un raffinement sans pareil dans les supplices réservés aux condamnés, voulant donner à de tels spectacles valeur d'exemple.

Le corps est devenu l'une des préoccupations majeures de l'hypermodernité... Non sans quelques ambiguïtés, dans un monde tiraillé entre recherche du bien-être et quête de l'excellence.

Du visage de la Joconde aux sylphides contemporaines, ce ne sont pas seulement les critères de la beauté qui ont changé... L'historien Georges Vigarello montre que l'histoire des sociétés et des cultures modèle aussi les corps des femmes et des hommes.

La symbolique du corps et des émotions ouvre un champ d'études qui permet d'accéder aux normes et aux pratiques des sociétés.

Quelles sont les pratiques des anorexiques ? Comment les caractériser socialement ? En répondant à ces questions, Muriel Darmon montre la fécondité d'une approche proprement sociologique de cette maladie.

Une enquête récente confirme la démocratisation des pratiques physiques et sportives, mais sur fond de diversification et de différenciation selon l'âge, le revenu, les diplômes...

Les marques du corps ont longtemps signifié une adhésion à un groupe social bien défini, découlant parfois, dans les sociétés traditionnelles par exemple, d'un rite de passage obligé. Aujourd'hui, elles semblent devenir plutôt l'expression de démarches individuelles et du choix de chacun.

Comment et pourquoi notre rapport au corps s'est-il transformé de manière aussi spectaculaire depuis quelques décennies ?

On pourrait penser que l'étude du corps est le domaine réservé des biologistes. Pourtant, dès leur naissance, les sciences sociales se sont penchées sur lui. Au xixe siècle, par exemple, des savants avançaient que les caractéristiques physiques influaient sur la personnalité. Au xxe siècle, sociologues, anthropologues et historiens ont plutôt vu le corps, à l'inverse, comme un révélateur de la vie sociale, des cultures, des normes ou des habitus .

Bébés emmaillotés, corsets et autres machines redresseuses... Tenir le corps droit, tel a été le principal objectif des pédagogies du corps depuis le Moyen Âge. Avec, cependant, des variations en fonction des représentations scientifiques, philosophiques ou sociales du moment...

Les dernières décennies du XXe siècle sont marquées par un souci croissant du corps. L'attention portée à celui-ci se transforme cependant avec le contexte social et économique du moment : à la thématique de la minceur, s'ajoute celle de la forme dans les années 80, pour laisser place aujourd'hui à des idéaux plus hédonistes.

À nous deux, Thanatos !