Démasquer les menteurs : les stratégies qui marchent

Le « détecteur de mensonges » est un appareil utilisé dans le domaine judiciaire, mais la détection de mensonges intéresse un public beaucoup plus large : la femme qui veut savoir si son mari était vraiment en voyage d’affaires, les parents qui se demandent si leur fille va vraiment réviser le bac avec ses copines, l’électeur auquel un candidat jure ses grands dieux qu’il n’a pas touché de pot de vin – tous aimeraient savoir si on leur ment. Or aucun de ces détecteurs humains n’a accès à un appareil de détection. Existe-t-il d’autres moyens de repérer les menteurs ?
Oui, répondent trois psychologues, Aldert Vrij, Pär Anders Granhag et Stephen Porter, respectivement des universités de Portsmouth, Gothenburg et British Columbia, et qui ont multiplié les recherches dans ce domaine ; mais ce ne sont pas des moyens simples, et surtout pas de ces recettes simplistes prodiguées par les journaux.

La difficulté à trouver les bons indices

La première difficulté paraît plutôt relever du bon sens : pour trouver la vérité, encore faut-il avoir envie de la chercher ! Il y a des femmes qui ont tellement envie de croire que leur mari était bien en voyage d’affaires qu’elles vont inconsciemment ignorer tous les indices de mensonge… D’autres difficultés attendent les quêteurs de vérité motivés, tels que les policiers : les délinquants, comme l’ont établi diverses recherches, ont souvent soin de se tenir au plus près de la vérité, en décrivant l’emploi du temps de leur journée avec un grand luxe de détails exacts – et en ne mentant que sur une petite tranche de vingt minutes ; même un détecteur de mensonges peut s’y laisser prendre… Et surtout, il existe de «bons » menteurs, dont nos auteurs dressent un portrait en six points : leur comportement habituel inspire confiance ; ils n’ont pas de difficulté à mentir (parce qu’ils ont de l’imagination, de la présence d’esprit…) ; ils ne ressentent ni peur, ni culpabilité, ni jubilation quand ils mentent ; ils sont bons acteurs ; ils ont du charme, ils inspirent confiance ; ils sont « bons psychologues », c’est-à-dire qu’ils perçoivent ce que leur interlocuteur a envie d’entendre, ce qui lui paraîtra convaincant.