TOUT A COMMENCÉ EN MÉSOPOTAMIE
Nous sommes au 4e millénaire avant notre ère, dans la plaine fertile de la Mésopotamie (actuel Irak). La région est parsemée de villages entourés de terres agricoles. Arrosée par les deux grands fleuves, la région est propice à l’agriculture (moyennant des systèmes d’irrigation), aux transports et aux échanges. Les populations y convergent : c’est une région de métissage, de croisement de populations. Le paysage se peuple de villages d’agriculteurs. Puis, tout à coup, émerge quelque chose qu’on n’avait jamais vu jusque-là : la civilisation. Les premières villes sortent de terre. La vie s’organise autour de grands centres urbains, avec des avenues, des places de marché, des temples et des palais. Autour des fortifications de la ville s’étendent les champs de blé, les palmeraies et les vergers : ils sont irrigués par tout un système de canaux. L’ensemble de la Mésopotamie est uni culturellement mais pas politiquement : la région est organisée autour de différentes villes. Une trentaine de cités-États se partagent le territoire. À leur tête, un roi, considéré comme un représentant d’un dieu local. Il dirige une véritable administration de fonctionnaires qui collectent les impôts, tiennent les comptes, dirigent les travaux d’irrigation, entretiennent les bâtiments, rendent la justice et organisent les cérémonies publiques.
L’État est né. Son administration a besoin d’instruments de gestion : voilà les raisons premières de l’apparition de l’écriture et de la comptabilité. La division des terres donne naissance à la géométrie ; la tenue des comptes nécessite le développement du calcul. Sur les tablettes cunéiformes retrouvées par les archéologues, sont gravés des problèmes de mathématiques portant sur des questions de comptabilité : calculer des prix, déterminer le volume d’un silo à grains, d’une tranchée, prévoir le nombre de briques nécessaires à la fabrication d’un mur.
De leur côté, les astronomes sont chargés d’établir le calendrier (pour piloter les activités collectives). Ces astronomes sont aussi astrologues et côtoient les mages, les prêtres et les scribes. Voilà la source première de l’histoire des sciences : former des communautés de savants chargées de résoudre des problèmes de construction, de calendrier, d’administration. Ainsi sont nés les mathématiques, l’écriture, l’astronomie, la médecine.
La civilisation mésopotamienne a duré presque trois millénaires : après le temps des cités-États et des empires, la conquête perse marque le début d’un lent déclin. Le territoire mésopotamien se marginalise. Les villes se vident, les temples sont désertés, les bibliothèques tombent peu à peu en ruine. Pour autant, les Égyptiens, les Phéniciens, les Perses puis les Grecs héritent d’une partie de leurs connaissances. Jean-François Dortier
Y A-T-IL EU UN « MIRACLE GREC » ?
C’est ainsi qu’Ernest Renan qualifiait dans ses Souvenirs d’enfance (1883) le prodigieux épanouissement culturel qui survient en Grèce au 5e siècle avant notre ère. Dans quelques cités-États de la péninsule, architectes, sculpteurs, peintres produisent des œuvres d’une exceptionnelle beauté : le temple du Parthénon et la statue du Discobole en sont les chefs-d’œuvre les plus connus. La floraison littéraire est tout aussi brillante avec la grande période du théâtre tragique (Eschyle, Sophocle, Euripide) ou de la comédie (Aristophane). De leur côté, Hérodote et Thucydide inventent le genre historique. À la même époque, une autre discipline intellectuelle apparaît : la philosophie. Aux dires des Grecs eux-mêmes, elle serait née en Ionie avec Thalès de Milet. Mais c’est un siècle plus tard et toujours dans cette période cruciale que la nouvelle discipline se déploie vraiment, avec les présocratiques (Héraclite, Parménide, Zénon d’Élée, Empédocle, Anaxagore, etc.), puis avec Socrate et Platon. Cette philosophie ne se sépare pas vraiment, à l’époque, de ce que l’on nomme aujourd’hui la science. Car le philosophe est aussi un savant, rompu à la géométrie, aux mathématiques, à l’astronomie.