Ode à une nature morte

Le Détail du monde. L’art perdu de la description de la nature, Romain Bertrand, Seuil, 2019, 277 p., 22 €.

C’est à une promenade nostalgique autour de mots oubliés que nous invite l’historien Romain Bertrand. Ces cadavres exquis sont d’abord les termes par lesquels les savants voyageurs du 19e siècle, Alexandre de Humboldt, Jean-Jacques Audubon, Alfred Russel Wallace, Charles Darwin ou Bernardin de Saint-Pierre, tentaient d’évoquer la nature. C’était au temps des savoirs discontinus qui se constituaient en science. Une forêt tropicale pouvait se décrire comme une cathédrale. Car si l’on avait abondance de termes pour camper chaque détail architectural, chaque teinte artificielle, de l’architrave au zinzolin, il manquait à l’Occident le lexique pour nommer le monde naturel. Et nul mieux que ces premiers naturalistes n’avait compris que baptiser le monde, c’est se l’approprier.