Histoire des psychothérapies

Le mot « psychothérapie », littéralement « soin des âmes », est apparu voici un siècle et demi. Il a toujours désigné des pratiques très diverses, évoluant au fil des théories et des époques.

Il est d’usage d’affirmer que l’idée même de « psychothérapie » remonte à la nuit des temps. Pour autant, le terme est récent, et a désigné des théories et pratiques très variées. La première utilisation du mot « psychothérapie » date de 1872, sous la plume de l’aliéniste britannique Daniel Hack Tuke (1827-1895). Dans Illustrations of the Influence of the Mind upon the Body in Health and Disease (Illustrations de l’influence de l’esprit sur le corps dans la santé et la maladie), il plaide pour une étude scientifique du pouvoir thérapeutique de l’« imagination », que les médecins, selon lui, connaissent et utilisent depuis longtemps. De fait, tout en innovant sur le plan linguistique, l’aliéniste se relie à une histoire médicale remontant à la deuxième moitié du 18e siècle : celle de la prise en charge de l’aliénation mentale sous la forme du « traitement moral », et du constat des effets de l’esprit sur le corps. Souvent vu comme l’une des origines de la psychothérapie, ce traitement moral désigne une prise en charge par les vertus de la parole persuasive plutôt que par la contention. Toutefois, dans la réalité, le rapport entre nombre de soignants et de soignés limite sa mise en œuvre au cours du 19e siècle.

Les états de conscience modifiés

Parallèlement au traitement moral, le médecin allemand Franz-Anton Mesmer (1734-1815) prône les effets d’un fluide mystérieux supposément contenu dans l’être vivant et dotant ce dernier d’une force thérapeutique spécifique, le « magnétisme animal ». Bien que cette théorie soit contestée dès ses débuts, nombreux sont ceux qui se passionnent pour les effets déclenchés par les adeptes de F.-A. Mesmer au sein de leur clientèle (convulsions, guérisons spontanées, crises hystériques…). Apparues au cours du 19e siècle, les notions d’hypnose et de suggestion réinterprètent ce magnétisme mesmérien en termes d’états de conscience modifiés. Pour le médecin nancéen Hippolyte Bernheim (1840-1919) par exemple, il s’agit d’un état physiologique proche du sommeil, que le thérapeute averti manipule afin de traiter toute une série d’états psychologiques et physiques, réalisant par là une « psychothérapie ».