Faut-il parler de « bac au rabais » lorsque des entorses adviennent dans le déroulement traditionnel des épreuves ? Certains le pensent tout bas pour le baccalauréat de 2021. L’historien de l’éducation Claude Lelièvre s’est quant à lui penché sur l’examen de 1968. Organisé dans l’urgence après les événements de mai, il avait été réduit à un simple oral portant sur les matières principales (avec coefficient cependant) et une épreuve d’éducation physique. 81 % des candidats avaient été reçus, score nettement plus élevé que la moyenne de l’époque : ils étaient 62 % lors de la session de 1967. C. Lelièvre utilise ensuite une note de 2005, rédigée par Éric Maurin (EHESS) et Sandra McNally (London School of Economics), qui examinait le devenir de ces bacheliers. Chiffres à l’appui, les deux économistes parlent d’un « destin économique et social inespéré ». Avec des étudiants plus nombreux à intégrer les universités (et souvent avec réussite), cette opportunité s’est traduite ensuite par un surcroît de salaire et de réussite professionnelle, par rapport aux autres candidats des années 1960-1970. Dans les années 1990, les enquêtes emploi de l’Insee signalaient que la probabilité de devenir cadre s’était accrue pour les jeunes soixante-huitards de 10 % par année d’études validée, chaque année passée à l’université ayant pour effet d’augmenter en moyenne de 14 % le salaire.