En quoi consiste votre travail avec les athlètes ?
En psychologie du sport, certains font des recherches, d'autres enseignent, d'autres encore interviennent auprès des athlètes. Moi, je fais les trois ! Quand je travaille avec des athlètes, je les aide à développer des aptitudes, des stratégies mentales pour obtenir de bonnes performances. Ce qui veut dire qu'ils doivent être capables, dans des moments de stress ou de pression, de puiser dans leur potentiel. Travailler pendant quatre ans avec mes athlètes pour les Jeux Olympiques, c'est un voyage. Chaque jour, chaque semaine, il faut se focaliser sur le potentiel, avoir la persévérance, la patience, la passion, pour s'améliorer sans cesse. J'essaie de vulgariser, simplifier et même démystifier la psychologie du sport. Ainsi, avec mes athlètes ou étudiants, je ne parle pas de cognition ou de domaine affectif, mais de pensée ou d'émotion. Le choix des mots est très important pour être compris au maximum. J'aime donc beaucoup recourir aux anecdotes, ou aux analogies visuelles. Notamment celle d'un triangle dont les trois côtés représentent le physique, le mental et l'émotionnel. Le physique, d'abord, est l'affaire des entraîneurs et des techniciens. Le mental, ensuite, c'est le discours interne, la façon de se parler avec des mots-clefs. Or, avec des termes comme : « Je dois faire une bonne performance, il faut avoir de bons résultats, j'espère que... », on se crée des doutes et de l'anxiété. Mieux vaut se dire : « Je suis prêt... » L'émotionnel, enfin, c'est savoir comment aborder la compétition : comme une menace ? Ou alors un défi, un plaisir, une opportunité d'exprimer sa passion, un privilège ?... Roger Federer était dans l'émotionnel quand, après une victoire, le trophée dans les mains, il a dit un jour aux spectateurs : « Vous sortez le meilleur de moi-même. » Par ailleurs, une composante essentielle est de savoir rester complètement dans le présent. Ne pas penser aux médailles et au podium, ni à des compétitions passées, mais chercher ses sensations corporelles ici et maintenant pour s'adapter en conséquence.