La démocratie représentative marque une nette rupture par rapport à la conception des Anciens et de J.-J. Rousseau : si le peuple dispose de la souveraineté, il ne peut l'exercer directement. C'est en multipliant les contrepoids au pouvoir des représentants et des gouvernants que les régimes représentatifs se sont finalement imposés comme des régimes démocratiques.
- La tenue d'élections à échéance régulière. La régularité des échéances électorales permet de limiter l'autonomie dont jouissent les élus du fait de leur non-révocabilité. Un élu doit être à l'écoute de son électorat au risque sinon de ne pas être réélu.
L'identification de la démocratie à l'idée d'élection est néanmoins récente. Comme le rappelle B. Manin, d'autres modes de sélection des représentants existent, à commencer par le tirage au sort. Les penseurs de la démocratie ont longtemps exprimé des réserves à l'égard de l'élection. Dans le Contrat social, J.-J. Rousseau, tout comme Charles de Montesquieu, associe le suffrage par le sort à la démocratie, l'élection à l'aristocratie. De fait, l'élection remet en cause le principe de rotation dans la mesure où un élu peut être réélu. D'autre part et surtout, elle revient à sélectionner des citoyens « distincts » des autres (des citoyens entièrement voués à la politique), ce qui va à l'encontre de l'exigence démocratique de ressemblance entre élus et électeurs. Autre grief, avancé cette fois par Alexis de Tocqueville : l'élection fait courir le risque de la majorité tyrannique.