L'administration, clé de la Pax Romana

À la tête d’un immense territoire, Rome a connu des siècles de paix. Gérée par un personnel réduit, son administration, centralisée mais accordant une large autonomie à sa périphérie, a beaucoup contribué à cette stabilité.

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La victoire d’Octavien 1 sur l’Égypte de Cléopâtre et Marc Antoine à Actium, en 31 av. J.‑C., a laissé au fils adoptif de César les mains libres pour réorganiser les institutions romaines. Celles-ci avaient été fort malmenées tout au long du Ier siècle av. J.‑C., en raison des guerres civiles entre Marius et Sylla, Pompée et César, Marc Antoine et Octavien, et des crises politiques comme la conjuration de Catilina en 63 av. J.‑C., déjouée par Cicéron alors consul.

Vainqueur, Octavien va avoir la tâche de rétablir le calme à Rome et dans l’empire, et de rétablir un système politique solide, fondé sur les institutions républicaines. Il n’est en effet pas question d’établir un régime de type monarchique – le titre de roi est totalement prohibé –, même si dans les faits le régime du principat augustéen est dominé par la figure du princeps ou empereur 2.

Le cumul des pouvoirs

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C’est en janvier 27 av. J.‑C. que les mesures les plus caractéristiques sont prises : Octavien renonce à tous ses pouvoirs, qui lui sont immédiatement rendus, augmentés par le Sénat qui lui octroie également le nom d’Auguste. Disposant du pouvoir militaire – imperium –, du pouvoir des tribuns de la plèbe, défenseurs du peuple – tribunicia potestas –, du pouvoir religieux en tant que chef de la religion romaine – pontifex maximus –, il est aussi l’héritier de la fortune colossale de César et de son charisme – César serait le descendant de Vénus – ; à ces pouvoirs s’ajoutent l’exercice du consulat à certains moments du règne, la responsabilité des recensements, des mœurs et des lois, mais aussi de l’annone 3… Cette concentration de pouvoirs et de responsabilités entre les mains d’un seul homme caractérise le principat augustéen.

Fort de cette puissance, Auguste a les mains libres pour mener à bien les réformes nécessaires. Elles vont concerner aussi bien la ville de Rome que la gestion générale de l’empire et des provinces. Son projet est complété et amélioré par ses successeurs. Il est en effet nécessaire de remédier à des lacunes importantes que les crises de l’époque républicaine ont mis en évidence : avant Auguste, il n’y a pas à Rome et dans l’empire une administration ou ce que nous appelons aujourd’hui des fonctionnaires. Les magistratures ou missions sont exercées pendant un an, parfois plus dans le cadre de missions exceptionnelles. Mais il n’y a ni réel suivi des dossiers, ni de vision politique sur la longue durée, impulsée depuis le centre du pouvoir.

À Rome, Auguste organise une véritable administration. Il met à la tête de la Ville un sénateur en fin de carrière, le préfet de la Ville, chargé d’y maintenir l’ordre. Une nouveauté, car il n’y avait pas de police à Rome à l’époque républicaine. Il dispose d’une force armée, les cohortes urbaines. Découpant l’espace urbain en 14 régions, le princeps les place deux par deux sous la responsabilité d’une des sept cohortes des vigiles, chargées de veiller aux incendies sous la responsabilité d’un préfet des vigiles, un chevalier haut placé. Des curateurs appartenant à l’ordre sénatorial sont chargés des travaux publics, de la gestion des aqueducs et de la distribution de l’eau dans la Ville, de la gestion du Tibre et des égouts. Tous ces hommes sont nommés, promus ou révoqués par le Prince qui contrôle ainsi la Ville.