De l'histoire à la mémoire, le rôle des musées

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux films, documentaires, romans ou bandes dessinées 1 contribuent à perpétuer la mémoire du génocide. Celle-ci se transmet aussi sur les sites mêmes de la tragédie, dans d’anciens camps de concentration ou d’extermination devenus musées. Ainsi Auschwitz, symbole de la Shoah, est aujourd’hui confronté à un tourisme de masse, parfois peu propice au recueillement. Parallèlement à ces lieux de mémoire, des musées et mémoriaux ont été érigés aux quatre coins du monde. Leur mission est double : d’un côté, la commémoration à travers des cérémonies, de l’autre, l’éducation avec des expositions et des programmes pédagogiques à destination du public scolaire. Comment ces lieux tentent-ils de restituer le processus génocidaire ? C’est la question originale explorée par la géographe Dominique Chevalier 2. Conçus par des architectes de renom, ces musées se trouvent dans des capitales (Washington, Jérusalem, Paris, Montréal, Berlin, Varsovie, Budapest) ou de grandes villes (pour la plupart américaines : New York, Los Angeles, San Francisco, Miami). Précurseur, le mémorial Yad Vashem né en 1953 en Israël incarne le « temple mémoriel de la Shoah, national et international » selon D. Chevalier. Ainsi, chaque visite d’un chef d’État dans le pays s’accompagne d’une visite de ce mémorial situé sur « la colline du Souvenir » qui surplombe Jérusalem.