La fraude, la triche, la gruge ou les petites combines ont toujours existé dans la vie, donc aussi à l'école et à l'université. La sociologue Liliane Mierczuk a voulu cependant y regarder de plus près. Utilisant la méthode ethnométhodologique, elle a cherché à détecter auprès d'étudiant(e)s en quoi consistaient ces activités « déviantes » et surtout les justifications qu'ils en donnaient.
Préparer des « feuilles de pompe » de différentes couleurs pour pouvoir sortir la bonne le jour de l'examen, les faire circuler, poser un livre ou des fiches sur ses genoux, se communiquer oralement des informations, porter un regard biaisé pour voir quelle case le voisin a cochée sur le QCM, tenter d'influencer un professeur en lui « léchant les bottes »... Ces différentes pratiques ne sont pas perçues de la même manière par les étudiants. Se mettre le prof dans la poche est selon eux une stratégie moralement acceptable. Communiquer pendant l'examen, comme « tout le monde le fait », est une banalité peu répréhensible. Quand à la « pompe » réelle, si la plupart la condamne au départ, les entretiens montrent que beaucoup y ont plus ou moins goûté... sans pour autant en être récompensés : lire à toute vitesse un cours pendant que l'on va aux toilettes ne s'avère efficace que si l'on connaît déjà plus ou moins ce cours, sinon, « on n'y comprend rien ». La peur peut aussi inhiber le candidat fraudeur. Quant aux feuilles de pompe préparées à l'avance, elles ont pour effet d'avoir fait apprendre le cours et deviennent alors inutiles... Ces pratiques apparaissent comme des stratégies que certains récusent, sans toutefois condamner ceux qui les utilisent, estimant qu'ils en prennent le risque et la responsabilité.
Références
Liliane Mierczuk, Réussir à tout prix. La triche à la fac , Anthropos, 2002.