À défis mondiaux, assemblée mondiale ?

Des activistes et des chercheurs défendent un cosmopolitisme fondé sur un rêve : la création d’une assemblée parlementaire mondiale.

Sur l’écran de la visioconférence, la caméra passe successivement d’un interlocuteur et d’un pays à l’autre, de l’Inde à l’Allemagne, de la République démocratique du Congo à la Chine. Depuis l’estrade, l’activiste sud-coréenne Susan Nakyung Lee salue un « jour historique » durant lequel les « voix de l’humanité » vont prendre position sur la meilleure façon d’affronter le défi du réchauffement climatique. Nous sommes le 1er novembre 2021 à Glasgow, à quelques centaines de mètres des salles de réunion de la Cop26 : la première Assemblée mondiale sur le climat et la crise écologique a réuni à distance, sous l’égide de spécialistes de la démocratie participative, cent citoyens originaires du monde entier.

Citoyen du monde et citoyen étatique

L’initiative constitue aussi une mise en application d’une idée plus large, circulant depuis plusieurs décennies dans les cercles militants comme dans le milieu de la recherche : celle d’une assemblée parlementaire mondiale. Formulée dès le 19e siècle, puis renouvelée notamment lors de la création de l’Organisation des nations unies (Onu), elle constitue, selon l’expression du chercheur français Louis Lourme, l’idée la plus « commentée », car la plus « originale et frappante », de ce qu’on appelle le cosmopolitisme institutionnel 1. Un courant de pensée qui distingue les « citoyens du monde » des « citoyens étatiques » et réclame, aux côtés des organismes intergouvernementaux où siègent des diplomates, comme l’Assemblée générale de l’Onu, des institutions vraiment mondiales. Des lieux où, selon la formule du philosophe allemand Jürgen Habermas, « les peuples ne seraient plus représentés par leur gouvernement, mais en tant que totalité des citoyens du monde » 2.