« Tremblez, mais osez ! » 1 C’est le slogan qui accompagne les participantes et participants au stage d’affirmation de soi que j’anime régulièrement. En ce jour, j’accueille une dizaine de personnes qui toutes se sont inscrites car elles manquent de confiance en elles. Lors du tour de table initial, on entend des phrases comme : « Je ne sais pas dire non et ensuite je regrette d’avoir accepté des tâches qui me surchargent », « Les autres profitent de moi », « Je n’ai pas une bonne estime de moi depuis que je suis toute petite », « Je n’ose pas prendre la parole au sein de l’équipe… » Toutes témoignent d’une estime de soi qui n’est pas au beau fixe et de l’envie de remédier à ces difficultés.
La tentation est grande, dans ce genre de démarche, d’essayer de comprendre les raisons de cet état de fait. Et là, première surprise, nous n’allons pas alimenter les discussions dans ce sens. Toutes les personnes en face de moi sont capables d’évoquer des éléments de leur histoire personnelle qui permettent de comprendre pourquoi leur estime d’elle-même est cabossée : des parents négligents ou maltraitants, des professeurs humiliants, des expériences cuisantes, des comparaisons à autrui mortifiantes, etc. Et après ? Une fois devenu conscient de cela, qu’en fait-on ?
Qu’importent les causes !
Beaucoup pensent que c’est en comprenant la cause de leur malaise qu’ils pourront en guérir ; que c’est en se livrant à une laborieuse introspection qu’ils arriveront à exhumer la raison ultime qui sabote leur bien-être, et à l’éradiquer. Mais ce n’est pas le chemin que nous allons suivre durant ce stage. Nous allons opter pour un processus plus rapide et qui a fait ses preuves : l’exposition progressive aux situations anxiogènes. Selon la théorie du conditionnement opérant développé par les béhavioristes, un comportement qui se traduit par des conséquences agréables est renforcé. Or, l’évitement des situations anxiogènes provoque un soulagement, ce qui est agréable… et donc renforcé également. En clair, c’est parce que les sujets évitent les situations d’affirmation de soi qu’ils osent de moins en moins s’y confronter.