Aimer la vie, le meilleur dopant

Sans logiciels d’entraînement cérébral, sans technologie, sans pilule, nous boostons déjà notre cerveau, au quotidien, sans le savoir. 
À condition d’avoir une bonne hygiène de vie…

Selon la croyance populaire, on n’utiliserait que 10 % de notre cerveau, le chocolat nous remonterait le moral comme personne et l’on aurait un stock de neurones à la naissance impossible à renouveler. On sait depuis quelques années que ces affirmations sont fausses : on utilise en fait bel et bien 100 % de notre cerveau mais l’imagerie ne permettait pas jusqu’aux années 1990 de le constater, le fromage de chèvre contient beaucoup plus de substances stimulantes que le chocolat, qui procure surtout un plaisir immédiat parce qu’il flatte les papilles, et nos neurones se renouvellent régulièrement. Il va donc falloir nous creuser un peu les méninges pour démêler le vrai du faux et découvrir comment multiplier ses neurones à l’appui de preuves irréfutables !

Relation et méditation : un couple gagnant !

En tête de peloton des dopants du cerveau, l’interaction avec l’environnement et les relations sociales qui accélèrent la neurogenèse, autrement dit la production de nouveaux neurones. En mai dernier, des scientifiques de l’Institut Plank à Berlin et du Centre de thérapie régénérative de Dresde, en Allemagne, ont cherché à établir le lien entre les expériences vécues et le développement cérébral, au départ pour comprendre pourquoi des jumeaux génétiquement identiques et élevés ensemble développaient des personnalités différentes 1. Ils ont observé une quarantaine de souris génétiquement identiques et placées dans le même environnement qui offrait une grande richesse d’activités. Les expériences individuelles furent donc très différentes et ont provoqué l’apparition dans l’hippocampe, région du cerveau centrale dans la capacité d’apprendre et la mémoire, de nouveaux neurones en nombre plus important chez les souris les plus aventureuses. Selon le professeur de génomique régénérative Gerd Kempermann, cette expérience sur les souris pourrait mettre en lumière le fondement neurobiologique de la personnalité.

Composante de la relation sociale, l’empathie semble jouer un rôle non négligeable dans le bien-être, la santé et la longévité. Agir de façon bienveillante et développer son empathie améliorerait la résistance physique et psychologique. Une étude de 1999 2 le démontrait déjà. Cinq femmes atteintes de sclérose en plaques se sont portées volontaires pour soutenir pendant trois ans 67 autres personnes atteintes de cette maladie. Les résultats ont montré que ces cinq femmes ont connu des améliorations sensiblement plus importantes de leur état de santé que les patients qu’elles avaient soutenus. Le professeur Bernard Sablonnière, grand spécialiste du cerveau (voir encadré ci-dessous), explique que la solitude entraîne une baisse de l’estime de soi et une dépression, symptômes qui activent l’axe hormonal du stress en favorisant la perte de neurones dans l’hippocampe. En résumé, avoir une vie sociale et relationnelle riche aide à se créer de nouveaux neurones et à maintenir son cerveau en pleine santé !