Ce matin, Anne Michelin se rend à la Bibliothèque nationale de France. Et comme tout le monde, elle prend le métro pour traverser Paris. Elle transporte cependant dans son sac un objet peu ordinaire : un spectromètre infrarouge, une machine à la technologie de pointe, qui va permettre d’analyser un manuscrit coréen. L’ingénieure en physique-chimie est en effet spécialisée dans la caractérisation et la conservation des matériaux du patrimoine.
Les correspondances de Marie-Antoinette
Grâce aux objets qu’elle étudie, A. Michelin voyage dans le temps. En 2014, sur demande des Archives nationales, elle commence à travailler sur les lettres secrètes échangées de 1791 à 1792 par la reine Marie-Antoinette et celui qu’on soupçonne d’être son amant, le comte suédois Axel de Fersen. Certains passages de ces lettres sont illisibles, car caviardés, et il faut les déchiffrer. A. Michelin s’attaque à ces ratures pour découvrir les secrets qu’elles cachent. Elle y parvient après des années de recherche, lorsque son laboratoire s’équipe d’un scanner XRF, qui permet d’analyser les éléments chimiques d’un matériau de manière non invasive. Il fait apparaître les différentes couches d’encre utilisées, leurs compositions chimiques étant différentes les unes des autres. La chercheuse accède alors au contenu de ces lettres et déchiffre des extraits de déclarations passionnées, tels que « … non pas sans vous », « vous que j’aime et aimerai… » ou encore « ma tendre amie ». Aucun doute, Marie-Antoinette et le comte de Fersen s’appréciaient énormément.