La guerre est à la mode… Du moins dans les publications de géopolitique et de relations internationales. Aux États-Unis, Norman Podhoretz, « patriarche » des intellectuels néoconservateurs, vient ainsi de publier Quatrième Guerre mondiale. Le long combat contre l’islamo-fascisme. En France, dans la lignée des ouvrages s’interrogeant sur la politique envers l’Iran, François Heisbourg affirme que « les conséquences du non-recours à la force, dans certaines hypothèses, risquent d’être aussi dramatiques que l’intervention militaire, voire pires ». F. Heisbourg s’était déjà illustré en cautionnant l’existence d’armes de destruction massive en Irak dans un rapport publié en septembre 2002 par l’IISS (International Institut for Strategic Studies, Londres). Il affirmait dans Le Monde du 10 septembre : « Les armes biologiques et chimiques (…) existent bel et bien et (leur) l’emploi est tout à fait possible en cas de guerre. »
René Girard, l’auteur du célèbre Mensonge romantique et vérité romanesque (Hachette, 1999), vient de publier Achever Clausewitz, une étude serrée – et passionnante – de l’œuvre de Karl von Clausewitz (1780-1831). R. Girard soutient que l’auteur de De la guerre a eu l’intuition que les conflits modernes, par un processus de comportement mimétique, ne peuvent que déboucher sur l’apocalypse. Mais, effrayé par sa propre découverte, Clausewitz a préféré faire marche arrière et rationaliser le contrôle de la guerre par le politique (d’où son affirmation fameuse « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens »). Or, affirme R. Girard, « Clausewitz témoigne (en réalité) de l’impuissance foncière du politique à contenir la montée aux extrêmes. Les guerres idéologiques (…) ont en effet mené l’humanité à cet au-delà de la guerre où nous sommes aujourd’hui entrés. L’Occident va s’épuiser dans ce conflit contre le terrorisme islamique (…). À l’heure où la violence ne connaît plus le moindre frein (…), on peut dire, de ce point de vue, que l’apocalypse a commencé. »
Marc Olano