Voilà la traduction d'un classique de l'analyse des organisations que l'on attendait depuis longtemps. Après plus de vingt ans, le « Argyris et Schön » est désormais disponible en version française. Les fameux modèles 1 (apprentissage en simple boucle) et 2 (apprentissage en double boucle) sont exposés et étayés de cas concrets. Rappelons que selon C. Argyris et D. Schön, les organisations sont souvent bloquées dans le processus d'apprentissage par les raisonnements défensifs de leurs membres. En effet, ces derniers portent des jugements, défendent leur point de vue sans jamais vraiment expliquer le fondement de leurs choix ou de leurs actions par peur de heurter les autres. Or, cette stratégie mène droit dans le mur. Chacun s'autocensurant, des incompréhensions naissent et des erreurs en découlent.
Comment une organisation peut-elle s'extirper de ces « routines défensives » ? Les deux compères, fervents promoteurs de la recherche-action, comptent sur l'intervention de chercheurs ou de consultants pour casser ces cercles vicieux et permettre à l'organisation d'apprendre. Le travail des scientifiques consiste alors à dévoiler aux acteurs l'écart entre leur « théorie verbalisée » (ce qu'ils disent) et leur « théorie d'usage » (ce qu'ils font) pour expliciter les choix, favoriser la confrontation et, par conséquent, réduire les erreurs, changer les routines, modifier les normes et les règles. Une partie de l'ouvrage est d'ailleurs entièrement dédiée à l'intervention et l'on retrouve chez C. Argyris et D. Schön une démarche systémique tout entière tournée vers la réduction des dysfonctionnements organisationnels.
Enfin, trois nouveaux chapitres viennent enrichir cette version traduite. Les auteurs font le point sur l'abondante littérature parue sur l'apprentissage organisationnel depuis la première édition de leur ouvrage et soumettent leur modèle à l'épreuve de la critique. Ainsi, ils montrent qu'eux aussi sont capables d'apprendre afin de mieux apprendre aux autres à apprendre !
Jean-François Lyotard (1924-1998)
Étudiant à Louis-Le-Grand puis à la Sorbonne, il obtient l’agrégation de philosophie en 1950. Commence aussitôt une double vie d’enseignant et de militant. Nommé, de 1950 à 1952, au lycée de Constantine, en Algérie, il y devient syndicaliste. Parallèlement, sa carrière d’enseignant le mène de la Sorbonne à Nanterre où il participe, en 1968, au Mouvement du 22 mars animé par Daniel Cohn-Bendit, puis à l’effervescente université expérimentale de Vincennes, à laquelle il sera rattaché jusqu’en 1998.