La collection « Res Publica » des Presses universitaires de Rennes s'est fait remarquer, ces dernières années, pour sa capacité à mettre en valeur des travaux de recherche qui questionnent la « chose publique » selon des points de vue disciplinaires variés : histoire, sociologie, science politique, approches ethnographiques des faits sociaux, études rhétoriques... L'ouvrage collectif qui paraît ici répond bien à cette vocation d'ouverture, tout en privilégiant clairement l'analyse des textes.
On peut bien entendu - ce genre de recueil s'y prête - ne lire que certaines contributions, au gré des centres d'intérêt ou de la curiosité. Signalons par exemple l'analyse que propose Christian Le Bart de la « gaffe politique » comme violation des lois du genre « discours politique ». Celui-ci, souligne l'auteur, repose sur deux croyances fondatrices : l'affirmation de la légitimité des élus du suffrage universel, et la foi dans leur capacité à agir sur le monde social. D'où la « gaffe » de Lionel Jospin lorsqu'il affirme, alors Premier ministre, que le gouvernement ne peut rien face aux licenciements décidés par Michelin... Mentionnons également, à titre d'illustration, une analyse des discours prononcés par Cicéron à son retour d'exil (57 av. J.-C.), pour restaurer sa position (les propos sont marqués par le pathétique, alternant compassion pour soi et haine pour les adversaires), ou encore une étude de la mise en scène de l'autorité politique dans les assemblées locales (conseils municipaux, par exemple).