Dès l’Antiquité grecque, les débats démocratiques au sein de la cité avaient stimulé le déploiement d’un art de la discussion. Les techniques de l’argumentation s’étaient perfectionnées avec l’apparition des rhéteurs et sophistes chargés d’enseigner l’art de convaincre. Aristote, avec sa Rhétorique, a écrit le premier traité occidental de l’argumentation. Il y distinguait trois modalités dans l’art de convaincre : l’éthique, le pathétique et le logique.
– L’éthique ou l’argument d’autorité. Lorsque Aristote parle de « preuve éthique », le mot « éthique » doit être entendu ici dans un sens différent de son sens actuel. Il renvoie ici à « ethos » (mœurs) et désigne, dans l’esprit d’Aristote, l’argument d’autorité. Certaines personnes vont user de leur statut ou de leur charisme personnel pour tenter d’imposer une vérité. En 2003, lorsque le président américain annonce sans preuve et sur un ton péremptoire : « L’Irak possède des armes de destruction massive, nous le savons », il utilise ce type d’argument d’autorité pour justifier son intervention militaire dans ce pays.