Le monde de l’art est bien intimidant. Qui plus est quand on est une petite fille et que sa mère est une célèbre historienne de l’art. Claire Le Men dans un essai graphique fin et touchant revient sur son enfance et convie à un voyage initiatique à la fois cultivé et plein d’humour. La petite fille qui aimait les grands tableaux historiques jugés « pompiers » avait saisi que les adultes savaient d’abord tomber d’accord sur ce qu’il convient de ne pas aimer.
Ce qu’elle comprend plus tard avec Pierre Bourdieu qui dans La Distinction (1979) relève que « les goûts sont sans doute avant tout des dégoûts ». Les planches alertes et colorées de C. Le Men éclairent bien sûr ses œuvres fétiches, mais abordent aussi des questions plus complexes en convoquant philosophes, historiens ou sociologues, avec par exemple la querelle Schapiro-Heidegger reprise par Jacques Derrida sur les chaussures de Vincent van Gogh, la question de l’accès à l’œuvre qui oppose André Malraux prônant le choc esthétique à ceux qui estiment indispensables la médiation et la pédagogie…
Une lecture à la fois sérieuse et drôle, capable de réconcilier avec l’histoire de l’art même ceux que peut rebuter un certain élitisme.
Mon musée imaginaire, Claire Le Men , La Découverte, 2023.
Et AUSSI
Sarah Bernhardt : l’influenceuse de la Belle Époque ou l’imaginaire du mensonge, Pierre-André Nouvelle, Presses Sorbonne Nouvelle, 2023.Du métronome au gramophone. Musique et révolution industrielle, Emmanuel Reibel, Fayard, 2023.