Lorsqu'un médecin prescrit des médicaments, il ne peut pas contrôler si le patient les prendra. Par «compliance», les chercheurs en psychologie de la santé désignent le fait de suivre les conseils médicaux tels que prendre des médicaments, changer d'alimentation, éviter de fumer, faire des exercices sportifs... Cette notion apparaît cruciale pour de nombreuses maladies chroniques, et plus encore dans le cas du sida. En effet, une mauvaise compliance permet de prévoir l'évolution de l'état de santé de la personne. Il est donc essentiel de mieux comprendre les raisons pour lesquelles certains patients suivent mal leurs traitements.
Cyril Tarquinio, Gustave-Nicolas Fischer et Alexandra Grégoire, chercheurs en psychologie à l'université de Metz, ont entrepris d'adapter en français une échelle de mesure de la compliance, et de l'utiliser auprès de patients atteints par le VIH. Leurs travaux montrent que la compliance de ces patients dépend à la fois de leur environnement psychosocial, et de leur attitude par rapport à la maladie et au traitement. Plus ils se sentent seuls, ou peu soutenus par leur entourage, moins les malades suivent leur traitement. L'état de leur moral est également déterminant : la dépression et un sentiment d'impuissance augmentent le risque de ne pas prendre ses médicaments.
Autre variable décisive et dont la portée est grande pour les médecins : plus la confiance des patients est grande, plus ils ont le sentiment de comprendre leur maladie et leur traitement, plus ils sont «compliants». Il est donc primordial que le médecin consacre du temps à expliquer les raisons de son traitement au malade. Le suivi médical doit devenir une réelle collaboration entre le médecin et le patient, plutôt qu'un «ordre» subi d'en haut.
Références
C. Tarquinio, G.-N. Fischer et A. Grégoire, «La compliance chez des patients atteints par le VIH: validation d'une échelle française et mesure de variables psychosociales», Revue internationale de psychologie sociale, n° 13-II, juin 2000.