Au service des riches

« Au service des riches », Actes de la recherche en sciences sociales, N° 230, 2019/5, 128 p., 16,20 €.

L’apparente raréfaction des emplois domestiques au cours du 20e siècle avait laissé penser à leur disparition probable. Pourtant, il n’en fut rien, les classes les mieux dotées en capital économique n’ont cessé de faire appel à des domestiques. En parallèle, d’autres services apparaissent sous de nouvelles formes. Les personnes qui les exercent présentent des profils sociologiques différents, issus de la classe moyenne éduquée : secrétaires, coachs sportifs, enseignants particuliers, gestionnaires de fortune… La revue Les Actes de la recherche en sciences sociales s’est intéressée à ces profils « au service des riches », mais dans l’angle mort des statistiques officielles.

Dans le riche palace Sernine à Paris, Amélie Beaumont a mené une enquête ethnographique. Elle s’interroge sur les mécanismes d’obéissance des employés, grooms, voituriers, etc. face à une clientèle qui dépense en une journée leur salaire mensuel. Le management de la direction qui invite à se mettre à la place du client en est-elle une des raisons premières ? Non, tranche-t-elle, ce sont avant tout les normes dictées par les nombreux labels auxquels prétend l’hôtel et le contrôle de celles-ci, en ayant recours à des clients mystères par exemple, qui permettent d’obtenir l’obéissance, ainsi que les avantages liés à leur situation : ils sont mieux rémunérés que dans le reste de l’hôtellerie et les pourboires leur assurent de renforcer cet avantage.