Notre Grand Dossier n° 72 de septembre 2023 a inspiré cette réflexion à Paul Tréhin.
Même les prodiges ont besoin d’un coup de pouce
Pendant plus de vingt ans, j’ai étudié avec passion le cas des « autistes savants », mon impression première étant qu’ils avaient des talents innés. Mais en approfondissant mes recherches, je me suis convaincu qu’il ne s’agissait pas de dons innés, mais plutôt de prédispositions transformées en véritables talents grâce aux contributions de leur environnement familial ou de personnes proches. Parmi les dons ou prédispositions innées, dans presque tous les cas, on retrouve une très grande capacité de mémorisation, qu’il s’agisse de mémoire visuelle ou de mémoire auditive (voir les travaux de Darrold Treffert de l’université du Wisconsin). En musique, avoir l’oreille musicale est au moins en partie un don, de même que l’oreille absolue. Le pianiste britannique Derek Paravicini est devenu un génie du piano, bien qu’atteint d’autisme et de cécité. Il compense sa cécité par une capacité de mémoire musicale impressionnante. Mais il a aussi une grande capacité d’adaptation et, à la demande, peut jouer un morceau dans une autre tonalité que celle d’origine. Il improvise très facilement en jazz ou en musique classique. Sur plusieurs documentaires, on le voit jouer la Lettre à Elise comme si Mozart l’avait composée et non Beethoven. En musique de variété et en jazz, il peut jouer à la manière d’Oscar Peterson, ou de Dave Brubeck. Or, s’il est parvenu à ce très haut niveau, c’est grâce au soutien de la très riche famille Parker Bowles, dont Camilla Shands, épouse du roi Charles III, fait partie. Depuis 2022, il peut être considéré comme un neveu de la reine. Cette famille lui a procuré un entourage et un professeur de piano capable de nourrir ses prédispositions musicales et développer ses talents.