Aux origines d'une élite politique noire

L’élection de Barack Obama aux États-Unis l’a rappelé, la France peine à représenter sa diversité sur la scène politique nationale. Sur le territoire métropolitain, seuls 3 députés sur 555 et 4 sénateurs sur 305 sont issus des minorités visibles.

Un retour sur l’histoire montre pourtant que la France a longtemps joué un rôle précurseur, bien qu’ambigu, dans la représentation de ses citoyens de couleur. Dès 1794, la Convention a accueilli un député noir de Saint-Domingue, Jean-Baptiste Belley. Et dès la IIIe République, une élite d’envergure nationale, noire et métisse, s’est constituée, illustrée par l’arrivée de plusieurs ministres et sous-secrétaires d’État de couleur dans les années 1930. Portée par la gauche et les modérés, l’émergence de cette élite politique témoigne d’une réelle audace française : elle fait d’ailleurs l’objet de critiques violentes à l’étranger ou dans certains rangs de la droite.

Dominique Chathuant, « L’émergence d’une élite politique noire dans la France du premier XXe siècle ? », , n° 101, janvier-mars 2009.Éric Keslassy, « Ouvrir la politique à la diversité », note pour l’Institut Montaigne, janvier 2009.