Durant la décennie 1980, les observateurs de la société française annonçaient la fin des classes sociales par « moyennisation » des conditions. La décennie suivante a vu s’affirmer le retour des inégalités économiques. Qu’est devenu entre-temps le « sentiment de classe » ? Agnès Pélage et Tristan Poullaouec ont mené l’enquête. En 2006, une personne sur deux reconnaît appartenir à une classe sociale : c’est un peu moins qu’il y a quarante ans, mais pas beaucoup moins. On ne peut donc pas diagnostiquer une disparition du sentiment de classe. Cependant, d’autres aspects ont changé : aujourd’hui, l’étiquette « classe moyenne » est la plus fréquemment choisie, et, contrairement aux années 1960, c’est dans les professions élevées que l’on affirme le plus « appartenir à une classe » (59 %). Les ouvriers, employés et chômeurs sont moins nombreux à le faire (36 %). Bref, la classe est devenue la « clââsse, quôa »…
Agnès Pélage et Tristan Poullaouec, « La France d’“en bas” qu’on regarde “d’en haut” », in France Guérin-Pace, Olivia Samuel et Isabelle Ville (dir.), En quête d’appartenances. L’enquête Histoire de vie sur la construction des identités, Ined, 2009.