Derrière le visage que nous affichons en société, tout en maîtrise et en self-contrôle, il y en a un autre, un visage défait, celui que nous tenons caché, mais que les larmes révèlent aux autres comme à nous-mêmes. Faut-il en avoir honte ? Guillaume Le Blanc, professeur de philosophie sociale, également auteur de Que faire de notre vulnérabilité ? (2011), défend une philosophie pratique faite à la fois de sensibilité et de compassion, et soutient ici l’inverse. Selon lui, il y a un réel courage à ne pas réfréner ses larmes quand elles surgissent. Certes, l’expérience des larmes est d’abord celle d’un débordement qui s’impose à nous et que nous contrôlons si peu que « sans doute faudrait-il dire “je suis pleuré” plutôt que “je pleure” ». Mais pleurer peut aussi se révéler un pouvoir et même un acte de liberté, voire d’audace. Consentir à ses larmes, c’est accepter de se dévoiler totalement dans une épreuve de vérité personnelle, irremplaçable tant il est vrai que « personne d’autre ne peut pleurer à votre place ».