L’émotion a-t-elle sa place dans le dispositif explicatif des faits politiques ? La question a été tôt posée par ceux qui, il y a plus d’un siècle déjà, se sont intéressés aux mouvements de foule. Pour actualiser en sociologue une telle interrogation, Nicolas Mariot a choisi d’analyser ces moments de liesse collective que suscitent les voyages présidentiels. Le rite du bain de foule n’est pas chose nouvelle puisque cette pratique perdure par-delà les changements de régime et qu’elle se joue de l’étiquette politique des présidents. A l’aide d’un riche matériau historique et sociographique (dont une observation participante dans les pas de François Mitterrand, alors en visite à Lille), l’auteur explore une plage de temps qui court de la fin du XIXe siècle jusqu’au seuil du XXIe.
Pour ériger la liesse politique en fait social, il met en évidence une série d’éléments dont la constance le dispute à l’efficacité symbolique : défilés joyeux, villes embellies, suivi journalistique, encadrement policier… La symbolique de l’événement est d’autant plus forte que les observateurs officiels, les journalistes comme l’entourage du président, offrent des récits expurgés de toute mémoire (tout se passe comme s’il s’agissait là d’un premier voyage) et qu’ils partagent par ailleurs la conviction rassurante que si les gens applaudissent lors du passage du président, c’est qu’ils adhèrent.
En fait, la liesse s’explique moins par l’adhésion apparente des foules qui entourent l’homme politique que par un ensemble de facteurs plus prosaïques : une bonne préparation matérielle de la visite, une mise en scène festive de l’événement et une canalisation des énergies au service de l’acclamation. Loin d’être la manifestation spontanée que nous donnent à voir les images médiatiques, le bain de foule doit donc être compris comme une construction sociale au sens fort du terme.
Pour ériger la liesse politique en fait social, il met en évidence une série d’éléments dont la constance le dispute à l’efficacité symbolique : défilés joyeux, villes embellies, suivi journalistique, encadrement policier… La symbolique de l’événement est d’autant plus forte que les observateurs officiels, les journalistes comme l’entourage du président, offrent des récits expurgés de toute mémoire (tout se passe comme s’il s’agissait là d’un premier voyage) et qu’ils partagent par ailleurs la conviction rassurante que si les gens applaudissent lors du passage du président, c’est qu’ils adhèrent.
En fait, la liesse s’explique moins par l’adhésion apparente des foules qui entourent l’homme politique que par un ensemble de facteurs plus prosaïques : une bonne préparation matérielle de la visite, une mise en scène festive de l’événement et une canalisation des énergies au service de l’acclamation. Loin d’être la manifestation spontanée que nous donnent à voir les images médiatiques, le bain de foule doit donc être compris comme une construction sociale au sens fort du terme.