Son avenir était tout tracé... Gregory Bateson (1904-1980) doit son prénom à l'admiration que son père, un célèbre généticien, portait à Gregor Mendel, et sa mère souhaitait pour lui un mariage avec une descendante de Darwin ! Tour à tour anthropologue, éthologue, zoologue, il occupe une place singulière dans les sciences humaines. Son union avec l'anthropologue américaine Margaret Mead (rencontrée en 1932) les amène à observer deux ans durant la culture balinaise. Déjà, son intérêt se porte sur les relations entre les individus. Il divorce de M. Mead en même temps qu'il s'éloigne de l'anthropologie, pour s'intéresser à ce qui restera son cheval de bataille : la communication.
En 1942, il découvre la cybernétique et les fondements de l'approche systémique, qui mettent l'accent sur l'interdépendance des parties d'un système, que ce soit en mécanique, en biologie, en économie ou dans les relations humaines. Installé en Californie, il réunit autour de lui des spécialistes de différentes disciplines (mathématiciens, psychiatres, biologistes, etc.) au sein de l'école de Palo Alto. G. Bateson peut alors initier son grand projet : appliquer la démarche systémique aux sciences sociales et à l'étude des communications. En 1956, l'école se fait connaître par sa théorie de la « double contrainte », à l'écho considérable. Par exemple, si une mère refuse les baisers de son enfant et en même temps lui reproche son manque d'affection à son égard, l'enfant est pris dans des messages contradictoires. La répétition de ces « injonctions paradoxales » pourrait provoquer la schizophrénie. Peu à peu, G. Bateson s'éloigne de Palo Alto, et sa passion de la communication animale l'amène à étudier dauphins et autres poulpes. En 1972, son livre Vers une écologie de l'esprit lui apporte une reconnaissance internationale, et son dernier ouvrage La Nature et la Pensée (1979), paru l'année précédant sa mort, le consacre comme le défenseur de l'interpluridisciplinarité et du pont entre biologie et sciences sociales.