Benoît Schneider (FFPP) : Les psychologues risquent d'être déqualifiés

Statut des psychothérapeutes, certification EuroPsy, révision du Code de déontologie… La FFPP (Fédération française des psychologues et de psychologie) participe activement aux débats qui agitent les psychologues. Benoît Schneider, son coprésident, professeur de psychologie de l’éducation à l’université Nancy 2, nous présente cet organisme avec Marie-Jeanne Robineau, psychologue, membre du Bureau fédéral, et tire la sonnette d’alarme pour l’avenir de la profession même de psychologue en France.

Quelle est l’origine de la FFPP ?

La volonté collective de création d’une grande organisation forte résulte d’étapes de réflexion de la profession initiées déjà par l’ANOP (Association Nationale des Organisations de Psychologues), mais dont nous pourrions retenir comme étapes majeures « L’appel en 10 » en 2000, puis les Etats Généraux de la Psychologie, en 2001. Il semblait nécessaire que les psychologues puissent désormais parler d’une seule voix, en rassemblant ces orientations démultipliées. Un tel projet était dans l’air du temps depuis l’élaboration du Code de déontologie, en 1996. La question était de savoir s’il valait mieux une organisation unitaire ou une fédération. Une organisation unitaire aurait supposé la disparition des organisations préexistantes : l’idée de fédération, où chaque organisation pourrait conserver son autonomie, a donc fini par l’emporter. Après des discussions compliquées quant à ses statuts, la FFPP est née le 21 janvier 2003. Elle compte aujourd’hui 1 700 adhérents.

Dans quels domaines précis estimez-vous avoir eu le plus d’influence ?

Nous ne dégagerons pas tant un point précis qu’une idée générale : nous avons réussi à mettre en œuvre les différentes vocations figurant dans nos statuts, en défendant la promotion de la profession avec de grosses opérations comme des colloques, nos Entretiens de la psychologie qui permettent aux praticiens et universitaires de se rencontrer et se former, ou encore la récente Conférence de consensus sur « l’utilisation des mesures et l’examen psychologique chez l’enfant » (en collaboration avec la SFP, l’AFPEN et l’ACOP-F) marquant une volonté d’action publique et politique. Nous avons aussi travaillé sur une série de dossiers moins visibles. Nous sommes donc systématiquement présents et souvent à l’initiative de rassemblements interorganisationnels comme cette Conférence de consensus ou encore le GIRéDéP (Groupe interorganisationnel pour la réglementation de la déontologie des psychologues), ou le Popsyden (« Pour des Psychologues de l’Education Nationale ») pour défendre les psychologues de l’Education nationale, tout en participant aux débats relatifs au titre de psychothérapeute, dans un rassemblement unitaire inconnu jusqu’alors. Nous n’avons pas complètement réussi le pari d’unité d’un point de vue institutionnel, mais du point de vue fonctionnel, nous avons fait de très gros progrès.