Bienvenue à Bataville

Documentaire français de François Caillat, 1 h 30.
En salles le 8 octobre

Bienvenue à Bataville est une visite topographique, urbaine et humaine de la ville ouvrière que l’industriel de la chaussure Tomas Bata créa en 1932 en Moselle. Définitivement fermée en 2001, Bataville constitue l’un des exemples les plus frappants de paternalisme à la française, liant la communauté au travail souverain et à l’entreprise Bata. Le documentaire de François Caillat, dans un style parfois proche de la comédie anglaise (Les Drôles de Blackpool de Peter Chelsom), ausculte cette utopie sociale et réunit les témoignages de ceux qui y vécurent (des ouvrières, des cadres, etc.) Il en résulte un film étrange, presque dérangeant, tant le réalisateur débusque la servitude volontaire derrière la félicité batavilloise. L’harmonie cache en effet une organisation pensée et dirigiste de la vie de chacun. Ainsi, la cartothèque, sorte de curriculum vitae de l’individu mêlant état civil et autres observations, était l’un des principes administratifs de la riante cité ouvrière. Sans virer à la petite dictature, Bataville fut aussi le dernier exemple de philosophie ménagère : « Une femme discrète et un homme agréable », préconisait monsieur Bata.