Avec l’amour, le sens de la vie, le bonheur est sans doute l’un des plus vieux sujets de réflexion qui soient. Les premiers traités sur le bonheur remontent à l’Antiquité grecque et romaine, et la tradition est restée depuis ininterrompue, avec notamment l’âge d’or du XVIIIe siècle, qui vit les plus grands esprits disserter sur le sujet, et l’embellie du XXe siècle où de nombreux ouvrages destinés au grand public virent le jour (dont, en France, les célèbres Propos sur le bonheur, du philosophe Alain). Plutôt que d’en rester à des considérations générales sur le bonheur, des chercheurs ont entrepris de la mesurer objectivement : en interrogeant les gens sur leur niveau de bien-être, puis en essayant de trouver les conditions objectives – biologiques, économiques, sociales, personnelles – qui favorise ou non le bonheur.
Psychologie du bonheur
Tout d’abord, la psychologie évolutionniste nous dit que les humains ne sont pas forcément fait pour être heureux. Les émotions positives sont en général de durée brève, alors que les émotions négatives peuvent se prolonger sur des jours ou des semaines.
Ceci est probablement dû à des mécanismes évolutifs : peur, angoisse, tristesse ou colère ont été plus utiles à notre survie que les émotions positives comme la joie ou la gaieté. Le bonheur est donc en quelque sorte un luxe que l’évolution n’avait pas prévu pour nous. Il reste que certaines per- sonnes semblent plus prédisposées au bonheur que d’autres. Chacun connaît dans son entourage des personnalités anxieuses, dépressives ou mélancoliques, et inversement d’autres personnes plutôt enjouées et résilients qui savent « positiver », y compris face aux problèmes. Le taux de sérotonine – un neuromédiateur naturellement produit par l’organisme et qui agit comme un euphorisant – est inégalement répartie dans la population.