Comment repenser aujourd’hui l’émancipation politique ? Telle est la question que pose avec force la philosophe Charlotte Nordmann dans un livre qui, contrairement à ce que pourrait laisser entendre son titre, est tout sauf un simple exercice de commentaire. Car si elle s’attache avec soin à éclairer la pensée de Pierre Bourdieu et celle de Jacques Rancière, elle ne les ménage point. Elle les fait jouer l’une contre l’autre, montrant à la fois leurs forces et leurs limites pour penser la politique aujourd’hui.
P. Bourdieu d’abord, dont toute l’œuvre « est travaillée, animée, tourmentée, par un scandale : le fait que l’injustice de l’ordre social ne soit pas reconnue par ceux-là même qui la subissent, que la domination leur paraisse, pour l’essentiel, naturelle et, plus précisément, que les dominés ne se reconnaissent de capacités que celles que l’ordre de la domination veut bien leur reconnaître. » Le sociologue n’a de cesse de mettre en évidence comment les dominés subissent une dépossession à la fois intellectuelle et politique. Mais en montrant comment, toujours assaillis par l’urgence des nécessités pratiques, ils ont du mal à s’approprier un discours rationnel, il tend à faire du sociologue le seul acteur capable d’intervenir avec compétence et autorité dans le champ politique. En outre, s’il dévoile les mécanismes de la domination, il peine à esquisser de véritables perspectives d’émancipation.
J. Rancière pour sa part refuse cette lecture déterministe de la domination et postule l’égalité réelle de tous. Mais peut-on pour autant écarter les déterminations sociales ? Pour penser l’émancipation politique, il faut donc pour C. Nordmann « croiser Bourdieu et Rancière », c’est-à-dire prendre conscience de la monopolisation politique mais aussi de notre puissance d’agir et des possibilités bien réelles d’émancipation, à travers notamment la démocratisation des savoirs.
P. Bourdieu d’abord, dont toute l’œuvre « est travaillée, animée, tourmentée, par un scandale : le fait que l’injustice de l’ordre social ne soit pas reconnue par ceux-là même qui la subissent, que la domination leur paraisse, pour l’essentiel, naturelle et, plus précisément, que les dominés ne se reconnaissent de capacités que celles que l’ordre de la domination veut bien leur reconnaître. » Le sociologue n’a de cesse de mettre en évidence comment les dominés subissent une dépossession à la fois intellectuelle et politique. Mais en montrant comment, toujours assaillis par l’urgence des nécessités pratiques, ils ont du mal à s’approprier un discours rationnel, il tend à faire du sociologue le seul acteur capable d’intervenir avec compétence et autorité dans le champ politique. En outre, s’il dévoile les mécanismes de la domination, il peine à esquisser de véritables perspectives d’émancipation.
J. Rancière pour sa part refuse cette lecture déterministe de la domination et postule l’égalité réelle de tous. Mais peut-on pour autant écarter les déterminations sociales ? Pour penser l’émancipation politique, il faut donc pour C. Nordmann « croiser Bourdieu et Rancière », c’est-à-dire prendre conscience de la monopolisation politique mais aussi de notre puissance d’agir et des possibilités bien réelles d’émancipation, à travers notamment la démocratisation des savoirs.