Le lecteur reçoit les cent vingt premières pages comme un coup à l'estomac. Page après page sont décrites les méthodes des bourreaux - en Turquie, au Maroc, au Chili -, énumérées les horreurs qu'ils font subir à leurs victimes. Elles ne se réduisent pas aux terribles violences physiques ; les tortures morales - viol d'un proche en présence d'une victime, simulation d'exécution - sont tout aussi destructrices. Page après page apparaissent les victimes elles-mêmes, telles que la torture les a faites : incapables de lire, de se concentrer, de maîtriser leurs actes, de parler, et même de retrouver leur identité : « Je suis en dehors de moi-même », dit Jean.
Marc Olano