Bowlby popularise la notion d'attachement 1951, Londres

Un comportement programmé

C’est en officiant au service pour enfants et familles de la Tavistock clinic de Londres, après la Seconde Guerre mondiale, que le médecin, psychologue et psychanalyste John Bowlby (1907-1990) élabore sa théorie de l’attachement. Il constate les effets délétères du conflit sur de jeunes enfants à l’existence matérielle et affective dévastée. Pour lui, l’attachement consiste en un lien affectif avec la personne qui pourvoit à nos besoins biologiques, et qui reste cruciale pendant les deux premières années de la vie. Il s’agit d’un comportement inné pour assurer la survie, qui peut provoquer des troubles psychologiques mais aussi un retard de croissance s’il est défaillant.

Les ravages d’un attachement défaillant

En 1950, l’OMS le charge d’étudier les enfants qui ont souffert d’une carence maternelle pendant la guerre et ont été élevés en institution. Son rapport fait grand bruit : il souligne les dysfonctionnements intellectuels et affectifs pouvant mener, dès l’adolescence, à la psychopathie et à des comportements délinquants. En 1956, un nouveau rapport insiste sur les conséquences possibles d’une séparation précoce avec la mère : agressivité mais aussi excitabilité en général, ou au contraire de inhibition, comportements de retrait. Il est influencé par Winnicott. L’éthologue Konrad Lorentz, dans Attachement et Perte (1969), démontre l’attachement du jeune animal au premier spécimen rencontré durant une période critique après laquelle il est trop tard pour former de tels liens. À New York, le psychiatre et psychanalyste René Spitz (1887-1974) décrit quant à lui une « dépression anaclitique » des nourrissons non seulement séparés de leur mère, mais ne recevant aucune affection : c’est le syndrome d’hospitalisme, marqué par de nombreux symptômes, psychologiques mais aussi organiques, avec par exemple un abaissement des défenses immunitaires.

• John Bowlby. 3 volumes, PUF, 2007. • Nicole Guedeney, Antoine Guedeney. . Elsevier Masson, 2016.