• Cachemire
À la fin de l’Empire britannique des Indes, en 1947, le territoire se divise en deux États : l’Inde, à majorité hindoue, et le Pakistan, à majorité musulmane. Au moment de la partition, le royaume du Cachemire, majoritairement musulman, est dirigé par un maharaja hindou, qui entendait maintenir son indépendance, mais se place finalement sous protection indienne. Depuis, le conflit dure, ponctué de plusieurs affrontements armés entre Inde et Pakistan qui revendiquent ce territoire : entre 1947 à 1948, en 1965, puis en 1971, ce qui conduit à l’indépendance du Bangladesh, rattaché jusque-là au Pakistan. Outre qu’elle cristallise l’opposition entre deux États, la région du Cachemire, traversée par le fleuve Indus, représente un enjeu important d’accès à l’eau.
La Chine est également partie prenante du conflit : près d’une décennie après l’annexion du Tibet, son armée envahit en 1959 une zone du Cachemire à administration indienne, le Ladakh ou « Petit Tibet », à majorité bouddhiste, pour construire une route nationale chinoise reliant le Tibet à la province du Xinjiang. Bien qu’elle se retire en novembre 1962, la Chine garde le contrôle sur l’Aksai Chin (est du Cachemire), revendiquant trois zones dans la région. Il s’agit pour elle d’assurer sa présence près du Tibet et du Xinjiang, deux territoires où d’importants mouvements dissidents sont présents. Le Pakistan a en outre cédé à la Chine la vallée du Shaksgam en 1963, en échange de son soutien dans le conflit. Des tensions réapparaissent entre Chine et Inde au sujet du Ladakh en 2020.
En 1972, l’Inde et le Pakistan signent les accords de Simla, marquant une ligne de cessez-le-feu (établie en réalité depuis 1949) et actant l’arrêt des affrontements militaires. Aujourd’hui, cette ligne de démarcation (appelée « ligne de contrôle ») de 740 km fait toujours office de frontière informelle, bien que chacune des deux puissances revendique la partie du territoire administrée par l’autre.
Le Cachemire retombe dans la violence dans les années 1990 : l’Inde fait face à une insurrection séparatiste dans la région. Elle a coûté la vie à plus de 70 000 personnes, principalement des civils. Des attentats sont également perpétrés sur le territoire indien par des indépendantistes cachemiriens ou des Pakistanais. Islamabad nie les accusations de l’Inde sur son implication.
Le 14 février 2019, un attentat est commis envers les forces de police indiennes au Cachemire, causant 46 victimes. Il est revendiqué par un groupe radical basé au Pakistan. Le gouvernement pakistanais dément soutenir cette organisation, mais l’Inde répond par des frappes aériennes sur la ligne de contrôle au Cachemire, pour la première fois depuis 1971. S’ensuivent bombardements et escarmouches. Le 5 août, le statut d’autonomie du territoire administré par l’Inde et revendiqué par Islamabad (État du Jammu-et-Cachemire), garanti par l’article 370 de la Constitution indienne, est abrogé par vote du Parlement indien. Il s’agissait d’une promesse de campagne du BJP (parti nationaliste au pouvoir) dirigé par Narendra Modi, le Premier ministre indien.