Campagnes de tous nos désirs

Michel Rautenberg (dir.), MSH/Mission du Patrimoine ethnologique, 2000, 192 p.,120 F.

Pourquoi va-t-on « prendre racine » à la campagne plutôt qu'à la ville ? Est-ce le sentiment océanique de l'autochtonie qui anime tant d'initatives de promotion des terroirs, des pratiques et des produits ruraux ? En une douzaine d'articles et autant d'exemples allant des indigènes guyanais aux Anglais de Bretagne, les auteurs de ce recueil alimentent de manière dynamique la réflexion sur la patrimonialisation des campagnes. S'il fallait en tirer une maxime, ce serait celle-ci : on n'hérite pas d'un patrimoine culturel, il se fait vivre, voire se fabrique. Qu'il s'agisse de défendre un biotope, un terroir vinicole, une technique d'élevage, un produit local, une pratique comme la transhumance ou le théâtre au village, la démarche relève de l'action délibérée et de la négociation entre une multitude d'acteurs locaux, allogènes et institutionnels.

Au bilan, il s'avère que les règles de mise en valeur d'un patrimoine relèvent à la fois de la production de symboles et de la négociation sociale. Un bon objet patrimonial doit être à la fois porteur d'avenir économique et identifié à une tradition campagnarde. Pour cela, il faut savoir accepter la nouveauté : le foie gras était des Landes, aujourd'hui il est français ; le Mézenc était une montagne, maintenant c'est un terroir ; le théâtre rural se jouait en breton, de nos jours en anglais. Ainsi vivent les traditions : en changeant.