Care : l'attention n'implique pas la compassion

Après avoir fait couler beaucoup d’encre dans les sciences humaines, le care s’est récemment invité dans le débat politique. Ce concept issu de la sociologie féministe américaine (Arlie Hochschild…) a d’abord décrit les activités de soin réalisées majoritairement par des femmes, tant dans la sphère domestique que professionnelle, avant d’être érigé par des philosophes (Sandra Laugier…) en fondement d’une nouvelle éthique sociale, fondée sur le « souci des autres ».

C’est ainsi que Martine Aubry, secrétaire nationale du Parti socialiste, a récemment voulu faire de la « société du care » l’axe d’un renouvellement du projet politique de la gauche. Du coup, comme le soulignent les sociologues suisses Nathalie Benelli et Mariane Modak, « si le care est visible actuellement, c’est surtout en tant que valeur éthique à promouvoir contre le “tout économique” ». Dans le même temps, constatent-elles, le « travail de care », autrement dit l’activité de ces professionnel(le)s qui, des travailleurs sociaux aux psychologues, des assistantes maternelles aux aides-soignantes, font métier de prendre soin des autres, est quant à lui largement invisible.