Carte scolaire: se soucier des plus démunis

La carte scolaire et le territoire urbain
Laurent Visier et Geneviève Zoïa, Puf, 2009, 104 p., 8 €
Le sens du placement. Ségrégation résidentielle et ségrégation scolaire
Franck Poupeau et Jean-Christophe François, Raisons d’Agir, 2008, 228 p., 17 €
Faut-il supprimer la carte scolaire pour assurer l’égalité des chances, mettre fin à l’hypocrisie des dérogations et faire que des élèves méritants puissent accéder à de bons établissements ? Ou bien faut-il la maintenir pour conserver une certaine mixité sociale ? Alors que la réforme est en cours, deux enquêtes récentes viennent informer cette alternative.

 

Laurent Visier et Geneviève Zoïa ont enquêté sur le passage en sixième des élèves de l’agglomération de Montpellier. Ils livrent au moins trois résultats contre-intuitifs. Tout d’abord, la carte scolaire peut produire de la ségrégation, par exemple dans les zones périurbaines socialement homogènes (classes moyennes) où, du coup, on cherche très peu à contourner la carte. Ensuite, les dérogations à la carte scolaire favorisent parfois la mixité, comme c’est le cas des collèges du centre-ville qui accueillent un public plus divers que la population qui y réside. Les parents, enfin, sont tiraillés entre leur devoir de parent et leur devoir de citoyen. Ils ne cherchent pas à placer leur enfant dans le meilleur établissement, mais dans un établissement « normal », c’est-à-dire non ségrégué. Ce sont en fait davantage des publics que des établissements que l’on cherche à éviter.