Comment est née l’expression de « politique de civilisation » ?
Elle s’est imposée à moi au début des années 1980. Je percevais alors une sorte de vide de la pensée politique sur les grandes transformations de notre civilisation. Les progrès scientifiques, techniques et économiques s’accompagnent d’effets très négatifs, de dégradations qui affectent notre niveau de vie. Par exemple, la menace écologique ne concerne plus seulement la biosphère, mais aussi les villes que nous habitons, l’eau que nous buvons, la nourriture que nous consommons tous les jours.
Parallèlement, la montée en puissance de l’individualisme, qui fut un développement important de notre civilisation, a engendré des formes de grande solitude et de stress parce qu’elle s’est accompagnée d’une désintégration des anciennes formes de solidarité et d’entraide.
Ces maux, qui touchent d’abord la civilisation occidentale, existent aussi à Shanghai ou à Sao Paulo. Du fait de la planétarisation, ils sont même accentués dans les pays émergents. Le progrès incontrôlable conduit le monde entier à la catastrophe.