À l’origine, l’objectif de Claire, 30 ans, était de travailler en prison. « J’estimais que ces personnes-là avaient aussi besoin d’être entendues, et presque plus même que celles qui étaient à l’extérieur. » C’est la raison pour laquelle, tout au long de ses études en psychologie à Angers, elle a réalisé de nombreux stages en maisons d’arrêt, dont celle de Fresnes en Master 2, réalisé en double cursus avec un DU de criminologie (Paris 8).
Dans le cadre d’un second DU de criminologie appliquée à l’expertise mentale (Paris Descartes), elle a ensuite rejoint en stage, en 2008, l’ancien « Centre national d’observation » (CNO), aujourd’hui Centre national d’évaluation, dont les missions sont de faire un bilan de la situation et de la personnalité du détenu afin de décider de son affectation dans un établissement pour peine, ou bien d’évaluer l’éventualité d’une libération conditionnelle de détenus condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.
De l’analyse comportementale à l’intervention au RAID
En 2009, diplôme en poche, elle devient analyste comportemental dans la gendarmerie, au département des sciences du comportement à Rosny-sous-Bois. « J’ai fait trois mois de classes, et rampé dans la boue », sourit-elle aujourd’hui. L’objectif de l’équipe était d’aider à l’enquête en travaillant sur les éléments objectifs de scènes de crime. « En fonction des rapports d’autopsie, de la position du corps, de la victime, nous essayions de mettre en évidence le type de personnalité d’un suspect. Si nous avions plusieurs suspects, l’objectif était de diminuer au maximum leur nombre pour faciliter la résolution de l’enquête » En 2012, elle retourne à Fresnes, cette fois-ci comme psychologue au sein de l’unité psychiatrique hospitalière (UPH) qui accueille uniquement des personnes présentant des pathologies mentales, ou étant très suicidaires. En 2014, la place de « psychologue en intervention » du RAID se libère. Claire postule et obtient le poste. Son rôle : éclairer le négociateur avec qui elle part en binôme sur la personnalité de l’individu retranché, qu’il s’agisse d’une prise d’otages, ou d’une menace de suicide. « Le négociateur prend contact avec lui. Moi je reste à côté du négociateur, écoute ce qui se dit, évalue la dangerosité de l’individu et mets en évidence sa personnalité pour tenter d’orienter la négociation. Je reste aussi vigilante quant à la relation entre le négociateur et le sujet. » Celle-ci pouvant durer de quelques minutes à plusieurs heures. « Nous pouvons intervenir à n’importe quelle heure de la journée… et surtout de la nuit. Nos astreintes sont d’une semaine, du lundi 9 heures au lundi suivant 9 heures. Et je dois faire 35 semaines d’astreintes par an. » Bipper constamment à proximité. Un métier, comme vous l’aurez compris « très mobilisant ».