Claude Lefort, un penseur du politique

Le philosophe Claude Lefort, né en 1924, est mort le dimanche 3 octobre 2010 à l'âge de 86 ans. Il avait consacré sa vie à réfléchir aux ressorts de la démocratie et des totalitarismes. En 1999, il avait accordé à Sciences Humaines un long entretien (cliquer ici).

Le philosophe Claude Lefort s'est éteint dimanche, à l'âge de 86 ans, des suites d'un cancer. Penseur du politique, il est considéré comme un théoricien majeur de la démocratie et l'un des pionniers de l'antitotalitarisme en France.

Né en 1924, ce disciple de Maurice Merleau-Ponty adhère très jeune aux idées marxistes, tout en restant critique à l'égard de l'Union soviétique. En 1947, il fonde avec Cornélius Castoriadis la revue Socialisme et Barbarie, qui combat le stalinisme et développe un marxisme anti-dogmatique. La lecture de L'Archipel du goulag d'Alexandre Soljenitsyne constitue pour C. Lefort un véritable choc qui le conduit à rompre définitivement avec le trotskisme.

La démocratie inachevée

Agrégé de philosophie, enseignant à l'université de Caen, puis directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales au sein du Centre d'études politiques Raymond-Aron, Claude Lefort signe avec Edgar Morin et Cornelius Castoriadis son premier livre sur les événéments de mai 68, qu'il interprête très favorablement, comme un moment démocratique (La Brèche, 1968). Grand spécialiste de Machiavel, auquel il consacre sa thèse sous la direction de Raymond Aron (Le Travail de l'œuvre Machiavel, 1972), C. Lefort développe une pensée originale et profonde qui contribue à la fois à l'intelligence des totalitarismes et à celle de la démocratie.