Coïncidences. Nos représentations du hasard

Gérald Bronner. Vuibert, 2007, 160 p., 16 €.
En 2003, 25 000 personnes ont accompli un pèlerinage pour honorer une vitre graisseuse de l’hôpital de Boston. En 2004, une tranche de pain grillé a été vendue 28 000 dollars sur Internet. Dans les deux cas, quelques taches, dues au grille-pain ou à la saleté, rappelaient vaguement le visage de la Sainte Vierge.
L’homme a la frénésie de mettre du sens partout, et surtout dans les événements improbables et chargés émotionnellement. En fait, de même que la nature, dit-on, a horreur du vide, nous abhorrons le hasard. De toute façon, explique Gérald Bronner, nous sommes incapables de nous le représenter convenablement. À l’échelle des événements de notre propre vie, il nous est impossible de prendre conscience des milliards d’événements qui n’ont aucun sens, et nous ne remarquons que les exemples finalement rarissimes des coïncidences pouvant suggérer que tout est écrit d’avance ou obéit à des causes cachées. Les psychologues voient parfois les failles de notre raisonnement comme des produits de la sélection naturelle ayant aidé nos lointains ancêtres à survivre, et aujourd’hui obsolètes. Mais, selon G. Bronner, nos erreurs de jugement relatives au hasard constituent moins un héritage biologique que le fruit de nos expériences personnelles.