Dans un premier livre publié en 2002 (1), Christian Morel, ancien cadre en ressources humaines devenu sociologue, donne plusieurs exemples de ce qu’il qualifie de « décisions absurdes » : deux pétroliers suivent des routes presque parallèles, mais l’un d’eux change de direction et vient barrer la route à l’autre, qui ne peut alors éviter de lui rentrer dedans ; ou encore, un avion s’apprête à atterrir quand le pilote, ayant l’impression que le train d’atterrissage n’est pas descendu, continue à tourner autour de la piste pour laisser le temps au personnel de préparer les passagers à un atterrissage difficile – et l’avion s’écrase au sol faute de carburant.
L’auteur, après avoir dressé une liste de telles décisions absurdes et avoir analysé les facteurs qui y ont conduit, revient sur le sujet dans un nouvel ouvrage (2). D’une part, pour donner des exemples et analyses relatifs à d’autres terrains où l’on est exposé au risque de décisions absurdes – le bloc opératoire, les randonnées à ski dans une zone exposée aux avalanches. D’autre part et surtout, pour recenser les « métarègles », destinées à augmenter la fiabilité des décisions, qui se sont progressivement imposées, ou sont en passe de l’être, dans ces différents milieux à risques.