À l’occasion des nouveaux cycles de conférences nationales sur la psychologie à destination du grand public, Roger Lécuyer, chercheur en psychologie du développement, ouvre le bal en abordant la question de l’acquisition des connaissances chez les bébés.
Pourquoi avoir choisi d’aborder le thème de l’acquisition des connaissances chez le bébé pour cette première conférence ?
Le premier cycle de conférences étant consacré aux apprentissages, j’ai choisi d’évoquer le développement des premiers apprentissages de la vie d’un individu, à savoir ceux des bébés. Une question peu connue du grand public qui fait l’objet d’idées reçues.
Cette question est d’autant plus clé qu’elle est au cœur d’un débat. Certains, dont Piaget, estiment que l’enfant acquiert ses premières connaissances par le biais de ses expériences sensori-motrices. D’autres, les « nativistes », pensent au contraire que le bébé, dès la naissance, est équipé d’un noyau de connaissances.
Les néo-constructivistes estiment que le bébé acquiert ses connaissances en étant en activité. Non en activité sensori-motrice, mais en activité perceptive. C’est-à-dire que l’enfant va découvrir le monde qui l’entoure sur la base des éléments qu’il perçoit par ses cinq sens.
Quelles sont les grandes idées reçues que la recherche vient déconstruire ?
Le grand public est justement nativiste ! Première idée reçue : lorsque l’on parle du caractère ou des capacités d’un bébé, on dit volontiers qu’il tient de sa mère, de son père. On vient supposer qu’il y a une origine génétique à ses comportements. Alors que l’on oublie que le bébé est en capacité d’apprendre plein de choses très rapidement !