Comment rendre son enfant heureux ? Entretien avec Alain Braconnier

Pour Alain Braconnier, l’optimisme fortifie l’estime de soi et permet d’affronter la vie avec enthousiasme et énergie. C’est pourquoi il faut le cultiver chez les enfants. Mais comment ?

Psychologue, psychiatre et psychanalyste, Alain Braconnier exerce son métier de clinicien au CHU de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Confronté à ses patients toujours en recherche de bonheur, il en est venu à se pencher sur les personnalités pessimistes ou optimistes. Pour lui, voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide constitue une véritable force intérieure, d’équilibre et de réussite, un facteur de confiance et d’estime de soi.

Pour rendre un enfant heureux, il faut entretenir son optimisme dites-vous. Pourquoi les enfants ont-ils besoin d’optimisme ?

Les attitudes et les modes de pensée des personnalités optimistes ont bien été étudiés par le courant de la psychologie positive. Elles se caractérisent par une disposition à anticiper le futur de manière positive, mais également par la capacité d’attribuer une raison précise et ponctuelle à un événement désagréable. Les pessimistes ont tendance à généraliser (ils disent « je suis nul » au lieu de « j’ai raté mon contrôle »). On observe chez les enfants optimistes un sentiment d’efficacité personnelle. L’optimisme nourrit, tout au long de l’existence, la confiance en soi dont a besoin tout être humain.

De nombreuses études ont montré les bienfaits de l’optimisme. Ils concernent tous les champs de la vie (familiale, scolaire puis professionnelle), et même la santé. L’optimisme permet d’atténuer le stress et protège de la dépression. Plus étonnant, des études montrent qu’il agit sur la santé physique… Des chercheurs ont suivi pendant trente ans des patients en différenciant optimistes et pessimistes. Ils ont constaté que les premiers vivaient 20 % plus longtemps. L’optimisme a un effet sur le système immunitaire. Mais surtout, les optimistes prennent en compte leur maladie de manière plus active ; ils combattent, suivent mieux leur traitement, et cherchent à ne pas se laisser envahir par des idées négatives sur leur futur. Et ces recherches valent aussi pour les enfants…

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L’optimisme joue sur la réussite non seulement chez les adultes mais influence aussi la manière dont les enfants affrontent les contraintes nécessitant effort et persévérance, en particulier dans les apprentissages. Il existe d’ailleurs des programmes destinés à favoriser l’optimisme de l’enfant qui permettent d’améliorer les résultats scolaires 1.

L’optimisme est-il une qualité innée ou acquise ? Comment reconnaît-on un bébé optimiste ?

Dès la naissance, le bébé montre des signes d’optimisme. Les premiers mois, il sourit à son entourage pour manifester son bien-être. Il se montre curieux, il est intéressé par tout ce qui est nouveau : l’objet qui brille, qui bouge… Il demande sans cesse, par des cris ou des pleurs, que l’on s’occupe de lui. Très vite, il devient un grand entrepreneur : il cherche à saisir des objets ; en grandissant, il essaye de sortir de son lit ; il va se passionner pour faire s’emboîter deux objets… C’est ce que la psychanalyse a appelé la « pulsion de vie », qui lui permet de partir à la conquête du monde et de l’attrait qu’il représente.